Gouvernement Jomâa: Plus d'un point d'interrogation
Je suis parmi ceux qui ont applaudi le choix de Monsieur Jomâa pour former un gouvernement de «technocrates» pour lutter contre le terrorisme qui demeure le préalable à toutes les autres actions, préparer le pays à des élections transparentes et sur le plan économique et financier, arrêter la dégradation des principaux agrégats, parer au plus pressé tout en jetant les bases du changement de notre modèle économique qui a fait faillite et qui a été la cause majeure de la «révolution».
Qui oserait dire que ce gouvernement ne se démène pas pour apporter des solutions aux multiples problèmes qui se posent? Par Dieu, personne de raisonnable!
Mais on peut être en droit de se dire, aujourd’hui, qu’après l’évaluation par ce gouvernement de tous les problèmes qui se posent et son immersion dans les rouages de l’Administration, la feuille de route peine à se concrétiser. Sur le plan économique aucun cadre d’action à court, à moyen et à long terme n’a pas encore été publié à ma connaissance.
J’ai personnellement rêvé d’un Plan de développement économique rapidement concocté, car le pays regorge de compétences. Ce plan aurait dû précéder la tournée de M. Jomâa à l’étranger, pour convaincre ses interlocuteurs qu’il n’y a pas lieu d’attendre un Gouvernement issu des élections vu qu’il y a véritablement péril en la demeure.
C’est sur la base de ce plan que le chef du gouvernement aurait dû insister pour la mise en place d’un mini plan Marshal pour la Tunisie.
La simple garantie de 500 millions de dollars témoigne que la partie tunisienne n’est pas arrivée à convaincre les Américains de l’importance de nos besoins.
A ceux qui sont contre l’endettement, je dis que c’est un complément de financement nécessaire pour gagner du temps et éviter certaines privations et que nous ne mendions pas,car nous allons le rembourser en monnaie sonnante et trébuchante pourvu qu’il soit bien affecté.
Souhaitons que la tournée au Japon (et pourquoi pas en Allemagne), deux pays qui ont manifesté, dès le début, leur volonté de nous soutenir, soit mieux préparée et soit réussie!
J’ai rêvé aussi d’une mise en place d’un conseil économique, social et sécuritaire pour éclairer ce gouvernement, car seul il ne pourra rien faire, sans trébucher.
On nous a promis beaucoup de choses mais qui tardent à voir le jour et plus d’un commence à s’impatienter. Certains commencent à s’interroger si l’homme qu’il faut est à la place qu’il faut dans ce gouvernement en qui nous continuons cependant d’espérer.
La situation est tellement grave qu’elle exige un peu plus de tonus. La seule personnalité qui sort du lot est le Gouverneur de la Banque Centrale qui ne cesse de tirer la sonnette d’alarme. Ses dernières déclarations au sujet du large déficit de la balance commerciale jettent le froid dans le dos. Je les préfère au large sourire de monsieur le Ministre de l’économie et des Finances.
Je vous citerai le cas du siège de l’ISIE bis. Imaginez que le Gouvernement ne lui a pas encore trouvé un siège et que la promesse de lui confier l’immeuble du RCD est tombée à l’eau!
Monsieur Boussarssar, juriste de formation, s’abrite derrière des règles et des procédures à respecter et risque par son comportement de contribuer au report des élections au-delà du 31 décembre 2014.J’ai personnellement regretté le dynamique Monsieur Kamel Jendoubi qui a osé affronter BCE!
Une erreur impardonnable du Gouvernement Jebali est d’avoir refusé de reconduire l’ISIE de Jendoubi ce qui en dit long sur les intentions véritables de la «Troika».
Tout le monde semble ignorer que nous sommes pressés par le temps et qu’il faut agir vite et bien quitte à ce qu’un contrôle a posteriori régularise les empiétements faits aux textes, puisque nous avons une ANC qui semble en dehors du temps et de l’espace et qui ne serait pas prête à donner les pleins pouvoirs à ce Gouvernement.
D’abord, sur le plan sécuritaire. Des efforts louables ont été réalisés mais le coup de poing n’a pas encore été donné sur les hauteurs du Chaanbi et des jebelsqui longent la frontière algérienne. Depuis un bon bout de temps on nous dit que des équipements militaires vont bientôt arriver. Souhaitons que l’Oncle Sam va enfin nous les fournir.
La feuille de route?
De nouvelles nominations ont eu lieu au niveau des collectivités locales mais la personnalité de certains est mis en doute par l’opposition. N’aurait-il pas mieux valu dresser la liste des partants et des nouveaux préposés et la publier pour attirer d’éventuelles observations des partis politiques ou de tout citoyen puis enclencher les nominations?
Les nominations au sein de l’INS et autre sphères attendent. Les LPR courent encore. Un autre problème jettera de l’ombre sur les prochaines élections, c’est celui des associations dont le nombre croit toujours et atteint des proportions importantes. Pourquoi ne pas exiger administrativement de ces associations qui brassent un argent fouqu’elles soumettent leurs comptes à une certification par des commissaires aux comptes agrées ? (lire enquête de l’hebdomadaire EKHER KHABAR).
A-t-on paré au plus pressé?
La « task force » pour les projets dont le financement existe et qui n’ont pas encore démarré, je ne la vois pas agir. Elle s’est déplacée une fois puis plus rien. Les problèmes sont insolubles ou attend-on la parution de textes législatifs dont la promulgation attendra les calendes grecques ?
Sur le plan économique et financier, pourquoi tarder à diminuer timidement et progressivement les charges de la compensation ? Où réside la difficulté à relever le prix de 10 ou 20 millimes comme première mesure indolore? Où réside la difficulté à relever légèrement, dans une première étape, le prix de l’essence à la pompe ? Pourquoi tergiverser ? Les partenaires sociaux doivent comprendre que le Gouvernement est décidé à s’engager, progressivement, sur cette voie, en douceur, car c’est un mal nécessaire. Bien sûr que le SMIG devra être exclusivement relevé en faveur des plus démunis pour amortir quelque peu le choc des augmentations de prix. Que fait-on pour assainir les circuits de distribution?
Pourquoi le Ministre de l’économie et des finances tarde-t-il à engager la réforme fiscale en commençant par l’abolition du régime forfaitaire car il est admis que ce secteur est à l’origine d’un réel manque à gagner fiscal ? J’aurais préféré cette mesure à l’encouragement des percepteurs à «presser» le contribuable.
Cela n’empêche pas le gouvernement, d’octroyer, le moment voulu et dans la limite de ses ressources, une augmentation salariale en faveur de ces percepteurs mais sans relation avec l’objectif de collecte.
Peut-être que je suis insuffisamment informé. Dans ce cas mon manque d’information est dû à une insuffisance de communication de la part du gouvernement.
Mes craintes augmentent au vu de la dernière déclaration de Monsieur Ouerfelli qui a enfin osé déclaré qu’il a été procédé à des acrobaties pour pouvoir réunir les fonds au titre des salaires et des pensions du mois d’avril et qu’au mois de juillet, il en sera de même mais avec un gap à boucher de 600 MD.
Ce que j’attends personnellement de ce Gouvernement est une déclaration à la TV sur la situation réelle du pays avec quelques chiffres essentiels suivie de son programme d’action.
Mais, Monsieur Jomâa devrait tout d’abord en informer d’abord les responsables du CPR et de Wafa pour les convaincre de soutenir son gouvernement et d’être à la hauteur de leurs responsabilités.Ce qui se passe à l’ANC est de mauvaise augure.Il pourra ensuite se réunir avec les 21 partis qui ont fait partie du dialogue national à l’effet de les amener à le soutenirfranchement.
Je souhaite aussi qu’avec, le patron de l’ISIE bis et de la Haica,que le chef du gouvernement invite tous ceux qui ont engagé prématurément et illégalement leur campagne électorale à l’arrêter et à se consacrer à soutenir l’effort du gouvernement à redresser la situation, car sans ce redressement il n’y aura pas d’élections.
Mokhtar El Khlifi