Faut-il exonérer les Maghrébins de la taxe de 30D
A peine votée dans la loi de finances complémentaire, la taxe de 30 D imposée aux ressortissants étrangers quittant la Tunisie a suscité une réelle effervescence auprès des Libyens et Algériens. Frontaliers, camionneurs et autres voyageurs par voie terrestre habitués à traverser parfois chaque jour les frontières s’en trouvent pénalisés. De folles rumeurs avaient couru les premiers jours portant à croire que l’entrée en vigueur était immédiate. Certains avaient parlé de centaines d’Algériens bloqués aux frontières, ne pouvant pas trouver le timbre de sortie ou les moyens de s’acquitter de cette taxe. Il a fallu une série de démentis des ministères de l’Economie et des Finances et du Tourisme, pour préciser que l’entrée en vigueur est fixée au 1er octobre 2014. Sur le même élan, le gouvernement a essayé de justifier cette taxe par les pressions sur le budget de l’Etat et Amel Karboul ira jusqu’à dire qu’une partie des recettes servira, précisément, à améliorer les conditions d’accueil dans les postes frontaliers.
Toute cette communication ne parvient pas cependant à convaincre nos voisins du bien-fondé de la taxe de 30 D qui leur est imposée. «Nous le comprenons pour les touristes arrivant par avion, insiste un chauffeur de louage algérien, mais nous sommes des voisins et nous avons droit à un traitement de faveur, surtout pour nous les professionnels». Un père de famille très respectable, au volant d’une voiture 4x4, baisse la vitre avec sourire et nous répond : «Vous savez, si vous voulez inciter plus de touristes algériens à venir en Tunisie, il faut non seulement les exonérer de cette taxe, qui est somme toute très basique mais d’un effet psychologique ravageur. Plus, un meilleur accueil à la frontière, des offres de kits de bienvenue, des cadeaux, des livres et jeux pour les enfants, voire des bons d’essence valables uniquement à Sousse, Monastir ou Mahdia, pour pousser les visiteurs à aller découvrir ces régions, des invitations à des festivals comme ceux de Carthage, Hammamet ou El Jem, seront très bien perçus. Vous savez, un touriste algérien dépense au moins trois à quatre fois plus qu’un touriste européen. Il suffit juste de le séduire…».
La demande est pressante. La loi est certes votée, mais rien n’empêche de trouver une formule appropriée non seulement pour les Algériens comme il a été annoncé récemment mais également pour tous les Maghrébins.
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