Opinions - 22.02.2016
Quand le Printemps Arabe est devenu un Hiver Islamiste
Quand dans une société l’être et l’avoir se confondent, posséder, c’est exister. C’est le terrain favorable à la pousse de l’exclusion, du mensonge et de la corruption. La culture, le savoir et la vérité n’ont plus cours et semblent désuets et appartenant à un autre siècle, celui de la lumière, quand le nôtre est celui de l’ombre et de la dissimulation.
Il est avéré que la politique, tout comme la diplomatie, ne se résument la plupart du temps qu’en une hypocrisie institutionnelle ou institutionnalisée. En janvier 2011 on nous faisait croire que la revendication de la jeunesse tunisienne était assez puissante pour mettre à bas tout un régime, une dictature tolérée par toutes les instances internationales depuis 23 années et présentée comme le rempart contre l’avancée de l’islamisme. Que cette jeunesse avait été le déclencheur conscient d’un éveil démocratique dans le Monde Arabe.
Mais si cela a été, que reste-t-il des slogans qui ont mobilisé la population réclamant liberté, dignité et emploi ? Ce dont cette jeunesse revendicatrice et encore innocente ne se doutait pas, c’était de l’existence et du fonctionnement efficace d’un statu quo qui étouffe les velléités de sortie du rang et d’affirmation de soi, au sein des instruments coercitifs du pouvoir. Entre hypocrisie religieuse et soif de liberté, tout un pays est toujours confronté à un pouvoir pervers, fondé sur la peur, l’incompétence, l’indifférence, l’exclusion, l’incompréhension et la corruption. Les idéaux de janvier 2011 ont été bafoués à coup de manœuvres politiciennes consensuelles, au sein d’une classe politique mercantile ouverte au marchandage.
Une révolution inacccomplie
On parle de succès de la transition démocratique. On évoque l’exception tunisienne dans l’après printemps arabe. Mais entre euphorie, fierté et déception, les acteurs du soulèvement et les véritables penseurs des droits et libertés s’interrogent. La révolution a levé le voile sur la pauvreté et le fondamentalisme religieux, sujets qui font les choux gras des journaux et vendre du papier. Le vide sécuritaire et la détresse sociale sont devenus le terreau favorable à l’émergence de groupes islamistes radicaux comme de la mauvaise herbe. On assiste à un attentisme passif du gouvernement et à une impasse politique dans laquelle il s’enfonce de plus en plus profondément. La Tunisie révèle l’image d’une société divisée en mal d’identité et d’une population déstabilisée voire désemparée. Les évènements des derniers jours, de janvier et février, ont démontré que pour de nombreux Tunisiens, la révolution n’est pas encore accomplie et reste à venir. Ses objectifs de justice et d’égalité, sociales, sont loin d’avoir été atteints. Il y a une crise de confiance dans les institutions représentatives et dans l’Etat. Quelle désillusion que de constater qu’il n’en a rien été des promesses de lendemains mirifiques qu’on faisait miroiter et qu’en fait la vérité est toute autre et moins reluisante que ce que l’on nous présente dans les média et les communiqués officiels. La langue de bois est devenue de fer.
Il apparaît que de révolution, il ne s’agissait tout bonnement que d’une mise en scène orchestrée par des puissances de l’ombre, occultes et qui régentent et gèrent le "qui fait quoi" international. Tout a commencé en 2010, en novembre et décembre avec l’organisation du départ volontaire du Président Ben Ali par les autorités alors en place assistées de l’occident. Un point à noter, c’est que le pays a quand même changé, les gens aussi ont changé. Ils ont eu beaucoup d’espoir, de grandes désillusions aussi. Ils ont connu beaucoup d’expériences en cinq années. Ils ont connu deux présidents, un gouvernement islamiste, et les objectifs de cette rébellion n’ont pas été atteints.
Une cacophonie qui tien lieu de pouvoir politique
La démocratie a cafouillé. Mais toujours est-il que la population n’est pas descendue dans la rue pour avoir un pouvoir islamiste ou cette cacophonie qui tient lieu de pouvoir politique actuellement et qui fait n’importe quoi. Cinq ans après, il ne reste qu’une impression amère de détournement et de spoliation puis de confiscation du mouvement. Mais c’est peut-être dans l’ordre fatal des choses si l’on s’accorde à considérer qu’une société et un Etat ne changent pas en un ou deux ans ou même cinq, surtout quand on voit d’où ils viennent et qu’ils naviguent sans aucune stratégie, à vue. La démocratie est un phénomène qui s’apprend petit à petit, par l’éducation politique de la population. Pourtant, si on considère la masse de la population tunisienne, son souci principal est économique. Elle est maintenue sous assistance et en état de dépendance. Le pays souffre d’une mauvaise situation économique qui dénote là aussi des espoirs déçus. On attendait quelque chose. Il y a eu la hausse considérable des prix, la paupérisation de la classe anciennement moyenne et le sacrifice de la base sociale. Par ailleurs il y a une atmosphère d’incertitude qui génère une certaine inquiétude sécuritaire alimentée par les déclarations officielles et les média et l’instrumentalisation de certains évènements. Dans les montagnes du Nord-Ouest, il y a cette guerre entre les Djihadistes et le pouvoir Tunisien, qui n’existait pas il y a cinq ans et dont la réalité est floue et diffuse, tant il est vrai qu’elle ne ressort au jour que par intermittence au gré des circonstances pour museler les oppositions et les contestations et justifier le laxisme.
Les Tunisiens ont de plus en plus des satisfactions négatives. Ils se disent qu’au moins le pays n’est pas dans la situation de ses voisins, comme la Libye ou d’autres pays arabes comme la Syrie, le Yémen ou encore l’Irak. La population semble avoir abdiqué de la démocratie au profit d’une promesse de stabilité et de sécurité toujours repoussées et qu’elle ne voit pas venir. Il est difficile de faire des reproches à la population quant à son attitude car en fait elle n’a pas eu le choix. On ne lui a pas demandé ce qu’elle préférait faire comme choix. Un chantage a été exercé par les nouveaux tenants du pouvoir politique. Laisser faire le renforcement du dispositif sécuritaire et répressif ou laisser la place au chaos comme en Libye ou en Syrie. Malheureusement les gens du commun ne voient pas d’alternative. Celle-ci ne leur est pas révélée et donc le choix est faussé au départ. De plus, les partis politiques sont encore débutants et souffrent du syndrome de plus de cinquante ans de dictature ou bien ils sont corrompus par des instances tendancieuses. Devant ce paysage politique, la population tunisienne ne peut pas compter sur un gouvernement alternatif potentiel. Le pouvoir envenime la situation par une répression souterraine, faite au nom de la lutte contre le terrorisme et la criminalité. La situation actuelle n’est pas vraiment un choix de toute la population, mais celle-ci est comme prise en otage par la logique présentée par les communiqués officiels du pouvoir. Il faut dire aussi que les média ne jouent pas leur rôle d’informateur. Ils cherchent à faire le buzz et pour ce faire ils abandonnent tout souci de déontologie.
Les maux dont souffre la Tunisie
La Tunisie souffre donc de nombreux de maux qu’il lui faudra endurer pendant encore un certain temps. Il y a un problème démographique important ; il y a le problème du chômage, surtout chez les jeunes, qui est énorme, un problème de santé publique qui nécessite de gros investissements, un problème d’instruction et d’éducation, publiques, les systèmes d’enseignement qui sont à reconcevoir complètement et à réformer en profondeur. S’ajoutent à ces problèmes celui de la violence et de la sécurité. Il semble que le pays n’était pas prêt à la démocratie, ni en 2011, ni en 2014, ni maintenant d’ailleurs. Cela ne veut pas dire pour autant que la Tunisie ne mérite pas la liberté et la démocratie ! Mais seulement on se rend compte que l’on en est très loin. Il faut être réaliste et voir à quelle société on a affaire. Une société individualiste, une population majoritairement égoïste et non solidaire et sans réelle culture politique. Mais ces problèmes ne sont apparemment pas le souci du pouvoir. On ne met pas les moyens qu’il faut pour l’éducation ou pour la santé publique. On ne connait même pas les tenants et les aboutissants de la politique économique qui est suivie. Ce n’est de toute façon pas une politique de projets porteurs à moyen ou à long termes. La politique suivie ne donne pas de résultat. Les revenus économiques baissent en raison de la crise économique mondiale et du désaveu de la Tunisie en matière de tourisme, de l’enfoncement du pays dans l’endettement et du défaut de stratégie et de volonté du gouvernement. La Tunisie n’a pas de véritable politique économique et on l’attend encore pour relancer les investissements et la productivité. La mort du tourisme tunisien affecte des milliers de personnes qui sont là et dont le souci premier est de travailler alors qu’ils sont au chômage. C’est un constat d’échec dans de nombreux domaines, diplomatique, politique, économique et l’exécutif n’intervient plus qu’à coup de décrets de l’état d’urgence et d’instauration du couvre-feu pour réagir à la colère populaire. Une révolution, une constitution et un prix Nobel de la paix ne seront jamais suffisants pour faire changer ce qui doit changer.
Tunisie et Libye: les profondes lignes de fracture
La Tunisie était en 2011 la candidate toute désignée pour servir de moteur à tout un processus inavoué de nivellement et de réorganisation de l’ordre mondial, ce que déjà en 1991, Georges Bush père appelait le ‘’nouvel ordre mondial’’ à mettre en œuvre sur le cadavre de l’Irak et qui était en fait d’étendre une PAX AMERICANA sur le monde. La Tunisie avait été choisie, en raison de sa nature laïque et de son opposition à l’islamisme et en raison de ses affinités diplomatiques avec ses voisins et avec le Monde Arabe, avec la France également, elle-même inféodée à l’OTAN depuis le gouvernement Sarkozy. C’est aussi en raison de sa position géostratégique en méditerranée et de son voisinage immédiat à l’Est et à l’Ouest. Le mouvement de réformation de la Tunisie a vécu sa vraie nature un très bref laps de temps, le temps pour le jasmin d’éclore, de libérer son parfum capiteux et de se flétrir pour se faner enfin. Le printemps tunisien a duré l’espace d’un clignement d’yeux, avant d’être confisqué par des opportunistes revanchards qui avaient fui le pays. Ceux-ci sont alors revenus, pour la plupart formatés par l’occident ou les pays pétroliers du golfe, mandatés pour instaurer et organiser une infiltration et un noyautage institutionnels islamistes dans le pays comme porte du Maghreb et du Nord de l’Afrique. La région a basculé dès les premiers jours du soulèvement et échappe à présent entièrement au contrôle des autorités. A ce niveau, les révoltes tunisienne et libyenne ont fait ressurgir les profondes lignes de fracture de ces pays relativement récents, qui sont issus du processus de décolonisation de la deuxième moitié du XXe siècle. Ces Etats révèlent l’échec des autorités centrales à s’imposer et échappent à présent partiellement ou entièrement au contrôle des pouvoirs en place.
Le plan d'islamisation de la Tunisie
Tout un plan d’islamisation de la Tunisie s’est mis en place depuis 2011 jusqu’à 2013 avec la ‘’troïka’’ qui n’a été que l’exécutante factuelle et déguisée du parti Ennahdha. Ce parti, sous des dehors schizophrènes modérés, est salafiste dans son âme et dans son corps, et il ne rêve que d’instaurer en Afrique du nord un Khalifat fondé sur la chariâa. En effet il n’y a pas et ne peut pas y de salafistes modérés ! C’est incompatible quand on s’appelle Ennahdha qui signifie l’éveil. C’est une situation prédestinée et un objectif que ce parti s’est fixé et il a réussi à endormir toute méfiance et toute vigilance d’une nation en la maintenant sous l’influence d’un discours hypnotique et subversif et en agissant dans les coulisses en éminence grise.
Il en découle que tous les revers qu’a connus la Tunisie depuis 2011 sont des situations souhaitées, provoquées, ou tolérées, par le pouvoir en place et les gouvernements laxistes qui se sont succédé. Ils ont vendu leur âme au diable et ont plongé par ignorance, incompétence et/ou intention, le pays dans un marasme politique, économique et social, afin de permettre à l’occident de mieux asservir la population et contrôler le pays, ses choix, sa politique étrangère et ses positions diplomatiques et idéologiques, sous des prétextes d’assistance et de coopération. Gouvernée par des incompétents et des gens cyniques, la Tunisie s’est enfoncée, allant de problèmes en épreuves et cela de façon continue et chronique. De là le fait que la Tunisie, sous l’impulsion de certaines personnes soit devenue alliée majeur des Etats-Unis hors de l’OTAN. De là son Prix Nobel et toute la pluie d’argent à demande. Ce sont les trente deniers que les judas du pouvoir ont reçus pour prix de leur conscience et de leur âme. Ils ont du coup vendu notre objectivité et notre libre arbitre et le pays s’est retrouvé les mains liées. Aujourd’hui il ne peut plus dire qu’ « Amen » à la politique étrangère menée par l’Amérique et l’Occident européen au Proche et au Moyen Orient, étant lui-même menacé des mêmes fléaux. Le fin mot de l’histoire est simple : Les Etats Unis ont en fait plusieurs objectifs dans leur mire : Conforter et renforcer l’uni polarité du monde et la position américaine comme chef de file du monde ; Casser les velléités panarabes et empêcher les mouvements arabes d’unification ; favoriser les intérêts géoéconomiques occidentaux et assurer une maîtrise de la rive sud de la méditerranée. Cette mainmise s’étend d’ailleurs au-delà de nos frontières sur nos voisins immédiats.
La situation en Libye est chaotique et inédite dans l’histoire.
Embrouillamini inextricable
C’est un embrouillamini inextricable qui règne et pas de réelle solution. Trois gouvernements briguent les rênes du pouvoir libyen : Celui de Tobrouk reconnu par la société internationale, celui de Tripoli contrôlé par les islamistes (la confrérie de frères musulmans) et un gouvernement proposé suite aux accords conclus au Maroc et qui doit, pour avoir droit d’exister et pour acquérir un caractère officiel, être accepté par Tobrouk et Tripoli. Sur le plan militaire là aussi trois groupes s’opposent, l’armée du général Hafftar soutenu officiellement par la société internationale, les milices de tripoli et Misrata et l’organisation de l’Etat islamique qui n’a pas cessé d’amplifier sa position en Libye depuis 2014. L’organisation de l’Etat islamique a profité de la défaillance de l’Etat, de l’absence d’une représentation officiellement reconnue par l’ensemble des parties prenantes et de la rivalité entre les formations politiques de Tobrouk et de Tripoli, pour accroitre son influence et contrôler un espace territorial libyen important au centre et qui sépare la Cyrénaïque de la Tripolitaine. Actuellement ce que recherche daesh c’est le contrôle du croissant pétrolier de Ben Jawad. La révolte libyenne s'est propagée ces derniers jours avec une vitesse déconcertante suivant ces anciens antagonismes. Outre le danger potentiel d'une partition du pays, cette fracture entre l'Est et l'Ouest représente une menace directe pour la Tunisie. La progression vers l'ouest de la rébellion risque de faire basculer les principaux champs pétroliers du pays hors de contrôle du gouvernement officiel, le privant de la principale et presque unique ressource du pays. Ils représentent aussi pour daesh un supplément de moyens pour consolider sa position en Libye et s’occuper des voisins pour s’étendre et s’ouvrir sur toute l’Afrique, à l’ouest et au sud. La Tripolitaine et la région de Syrte, sont aussi l'enjeu des combats de ces derniers jours. Les mouvements de troupes, relativement limités d'un point de vue militaire, visent à éliminer par la force les opposants, mais l'allégeance profonde de la population au régime semble avoir été ébranlée. Seule l'intimidation tient encore en respect les populations de l'ouest. Boko haram, qui a voué allégeance à l’organisation de l’Etat islamique et s’est rebaptisé « Etat islamique en Afrique de l’ouest » pourrait chercher à réaliser la jonction avec l’organisation sise en Lybie et lui ouvrir ainsi l’accès à toute l’Afrique sub-saharienne vers le sud.
Le Jeu de l’occident
L’occident semble vouloir faire la pluie et le beau temps dans le Monde Arabe et imposer des recettes toutes faites qui n’accrochent pas. La Libye en fait apparait initialement divisée. Toute une succession de gouvernements d’union nationale en Libye, qui n’ont d’union même pas le nom puisqu’ils sont rejetés les uns après les autres. La Libye vit en fait la session de rattrapage de la révolution ratée de 2011. En effet l’immixtion de différentes parties prenantes a conduit ce pays à la situation dans laquelle il se trouve. Un pays divisé politiquement avec une population non intégrée. Une société atomisée en groupuscules tribaux récupérés par la bannière islamiste et une désintégration institutionnelle qui laisse place à la conjecture de l’opinion sur l’éventualité incertaine d’une frappe militaire occidentale dans ce pays. Deux processus diplomatiques sont menés sur le devant de la scène : celui de l’ONU résultant de négociations menées depuis septembre 2014. Parallèlement, au sein des deux parlements rivaux il y a des radicaux qui s’opposent aux propositions d’une paix occidentales. Ils ont mené leur propre processus de paix, un processus intra libyen dont le protocole a été signé le 6 décembre 2015 à Tunis. A l’ouest il y a la Tripolitaine, et le reste du pays à l’est. L’Arabie Saoudite a mis sur pied une coalition de 34 Etats musulmans. En fait, l’Arabie Saoudite essaie par cette coalition de dissimuler l’échec de son intervention au Yémen en sauvant la face. Mais ses objectifs ne sont pas du tout définis de façon claire.
Dans cette stratégie de remodelage du Monde Arabe, il fallait à l’Occident neutraliser tous les foyers gênants et récalcitrants s’opposant à la suprématie américaine. Au Moyen Orient, il fallait casser les mauvais élèves, à commencer par l’Irak, ce qui a été fait avec la guerre de 2003, briser la résistance syrienne, ce qui est en train d’être fait jusqu’à aujourd’hui. Une fois la Syrie neutralisée, ce sera au tour de l’Iran de passer au laminoir, puis certainement celui de la Turquie. La stratégie occidentale est très simple, mais d’une efficacité redoutable. Elle consiste simplement à diviser pour régner, à stimuler, par Etats interposés, arabes pour la plupart (Arabie Saoudite, Qatar, Emirats Arabes Unis, Koweït), les antagonismes existants entre, d’une part les Modernistes et les Islamistes, fondamentalistes et traditionnalistes rétrogrades de tous acabits et d’autre part, entre les différentes confessions de l’Islam et leurs contradictions (sunnites et chiites). Ils ont lâché sur le monde une créature tentaculaire djihadiste qu’il leur est devenue difficile à contrôler, mais qu’ils soutiennent quand même financièrement, politiquement et avec de l’armement tant qu’elle sert leurs intérêts. Il s’ensuit que, dans tout le monde arabe, se diffuse progressivement une gangrène salafiste djihadiste qui risque de l’embraser. Tous les gouvernements du monde occidental et de leurs satellites ont reçu comme consigne de laisser faire et de n’exercer qu’un simple contrôle de contingentement pour circonscrire au mieux la zone de contamination. C’est le cas de ce qui se passe en Tunisie, de même en Libye, en Turquie, en Afrique sub-saharienne (Mali, Niger, Nigéria, Sénégal), en Somalie ou au Yémen. Cela explique aussi tous les défis lancés par les salafistes djihadistes que ce soit en Tunisie, dans la région du nord et de l’ouest, en Libye, en France, ou encore en Syrie et en Irak, en toute impunité. Toutefois, l’occident est de plus en plus dépassé par les évènements en raison de circonstances et de développements qu’ils n’avaient pas prévus:
- La création du khalifat par l’organisation de l’Etat islamique et la mondialisation de ce mouvement intégriste qui est venu se démarquer et contrer leurs alliés d’El Qaïda et qui représente un problème supplémentaire.
- Il y a aussi le soutien inconditionnel et indéfectible de l’Iran à la Syrie, tout comme d’ailleurs celui de la Chine et de la Russie.
La France et la Grande Bretagne ne sont plus maîtresses du jeu et cela, sans doute depuis la révolution arabe de 1916, sans qu’elles s’en soient rendues compte. Ces Etats ont perdu leur statut de puissance et sont ballottés en tous sens par les USA, dont ils ne sont que les vassaux dociles et obéissants. Ce sont les complices qui se salissent les mains pour son compte et essuient les revers de situation en bon bouc-émissaires. Cet état de fait explique sans doute leur laxisme et leur manque de réactivité et les positions ambigües que ces Etats prennent sans qu’il n’y ait de décision ou de vraie position à la clef. C’est ainsi que la France ne sait pas quelle politique adopter envers la Tunisie et l’Algérie. Mais de toute façon, elle se dit qu’ils ne représentent qu’un détail minime ou peut être au plus des pions sur cet échiquier.
Des média serviles
Quant aux média, ils sont bien sûr serviles et soumis aux instances qui gouvernent quel que soit le pays considéré. Ils diffusent en partenaires dociles les mensonges d’Etat qu’on leur demande de répandre. Toute une campagne d’intox menée à un point tel qu’il est devenu très difficile pour les experts et quasiment impossible pour les profanes de démêler le vrai du faux, l’information du mensonge. Mais en attendant, des gens meurent partout où frappe ce fléau innommable, que ce soit dans des actes terroristes comme en France, en Tunisie, en Afrique sub-saharienne, en Turquie ou que ce soit dans des conflits ouverts comme en Syrie après l’épisode irakien. Mais on ne les considère que comme dommages collatéraux à décharge de la politique internationale américaine.
Ben Raies Monji
Universitaire
Enseignant et chercheur en droit public
Université de Tunis-El-Manar
Faculté de droit et des sciences politiques de Tunis
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