News - 01.11.2016
Taoufik Rajhi : La loi de finance 2017 a subi la malédiction du chiffre 15
« A 15% du PIB, la tyrannie des chiffres fait en sorte que 75% des recettes de l’Etat vont aux salaires », indique Taoufik Rajhi, Ministre-Conseiller auprès du Chef du Gouvernement Chargé des Réformes Majeures. S’exprimant lors d’un séminaire sur le projet de la Loi de Finances 2017, organisé samedi par Ennahdha, il a analysé les différentes contraintes qui s’exercent sur les grands équilibres du budget de l’Etat (à télécharger). Rajhi a estimé que « la loi de finance 2017 a subi la malédiction du chiffre 15. La solution du gouvernement est un SWAP fiscal. Reporter les augmentations salariales en échange d’une réduction conséquente de l’impôt à travers la révision du barème fiscal. Le gouvernement, les salariés et le syndicat gagnent tous à l’échange ».
"La violence de la révolution" vs "la violence de l'Etat"
« La révolution tunisienne avait des revendications économiques et sociales axées sur l’emploi, le développement et l’amélioration du niveau de vie, a rappelé Rajhi. Durant la période de transition démocratique, « la violence de la révolution », à travers la société civile, la rue et les revendications syndicales, l’emportait sur la « violence de l’Etat » à travers les instituions et les lois. Ainsi tous les gouvernements ont préféré utiliser la politique d’emplois publics (recrutement public et augmentation salariale) et les transferts sociaux (directs et indirects) comme catalyseurs de la transition démocratique et calmer « la violence de la révolution ».
C’est ainsi que la masse salariale s’est multipliée de 100% depuis 2010 alors que la richesse nationale ne s’est multipliée que de 50%. Une évolution qui contraste avec celle d’avant 2010, le PIB et la masse salariale dans le public évoluaient au même taux. Le résultat est qu’en 2010 le ratio de la masse salariale ne représentait que 10 % du PIB, il atteint aujourd’hui 14,4% et risque d’exploser à 15 ,3 % si les augmentations salariales signées ne sont pas retardées.
Une situation insoutenable
Lorsque la pression fiscale d’un pays représente 20% du PIB et la masse salariale des fonctionnaires représente 15% du PIB, la tyrannie des chiffres fait en sorte que 75% des recettes de l’Etat vont aux salaires. Il reste alors 25% des recettes pour l’infrastructure, les dépenses sociales et le remboursement de la dette. C’est dire que chaque dinar collecté, 750 millimes vont aux salaires et 250 à l’économie. Une situation insoutenable pour n’importe quel pays qui se trouve dans cette situation. Le pays qui accepte cette situation verrait son besoin financier augmenter d’une façon vertigineuse.
Le projet de loi 2017 nécessite des sacrifices. Il pourrait être le dernier projet de sa génération avant celle de la génération des lois de finance d’austérité si la croissance n’est pas revenue ».
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