News - 22.06.2017

Révélations exclusives : Samir Elwafi : Ascension et chute d'un Rastignac tunisien

Samir Elwafi : Ascension et chute d'un Rastignac tunisien

Son itinéraire rappelle celui d’Eugène de Rastignac, le personnage romanesque de Balzac : originaire d’un petit village près de Zaghouan, d’extraction  sociale modeste, Samir Elwafi "monte" très jeune à Tunis. Peu doué pour les études, il quittera le lycée avant le bac. Il vivote pendant quelque temps avant qu'un directeur de journal séduit par son style d’écriture ne le prenne sous sa coupe. Profession ouverte, le journalisme a été souvent le refuge des autodidactes et de ceux qui n’ont pas réussi ailleurs pour peu qu’ils soient doués pour l’écriture. C’est le cas de Samir Elwafi.

Ebloui par les lumières de la ville, il mènera la belle vie, fréquente les endroits huppés de la capitale où il nouera des amitiés solides dans tous les milieux. Il fera  même partie du premier cercle d’amis d’un homme d’affaires à la réputation sulfureuse, un certain Chafik Jarraya. Mais sa notoriété, il la doit à une émission politique "réservée à ceux qui osent" comme lui, dont il sera le producteur et l’animateur et qui deviendra très vite le passage obligé des hommes politiques. Elle sera pour lui le point de départ d’une ascension professionnelle et sociale fulgurante. Homme d’influence, il ne faisait pas bon être en mauvais termes avec lui.Il le savait et ne se faisait pas faute d’en profiter. Son mariage sera célébré en grande pompe en présence du gotha politique, mais aussi artistique et sportif. Mais Samir Elwafi avait un pêché mignon. Il aimait le luxe, l’argent, surtout l’argent facile et en usait sans modération. Ce qui le perdra. Plus dure sera la chute.


Nouvelle audition, ce vendredi et nouvelle affaire

Samir El Wafi sera auditionné de nouveau ce vendredi par le juge d’instruction relevant du Pôle financier judiciaire. Par ailleurs, il fait l’objet d’une nouvelle instruction relative à une présomption de blanchiment d’argent. Pour sa défense, Samir El Wafi a recouru notamment à Mes Chékib Dérouiche qui vient de reprendre son inscription au Barreau après s’être consacré à des missions médiatiques, Ab.delaziz Essid, Hatem Zouari Et Imed Riahi

Récidive immédiate

La carrière de Samir Elwafi a été notamment marquée ces dernières années par des démêlés judiciaires relatives à l’émission de chèques sans provision et extorsion de fonds dont la dernière lui a valu un mandat de dépôt lancé par le juge d’instruction au pôle judiciaire et financier  après que le parquet eut ordonné l’ouverture d’une enquête suite à la plainte d’une veuve originaire de Sfax et de son fils âgé de 18 ans à l’encontre de cet animateur. Ils l’accusent de leur avoir promis d’intervenir en leur faveur auprès des autorités concernées pout obtenir une faveur. Samir Elwafi a mis à profit l’inexpérience du jeune qui a hérité de son père certaines affaires pour lui soutirer plus de 800 mille dinars alors que l’intermédiaire qui leur a présenté Elwafi a eu droit à 50 mille dinars.

L’affaire remonte à l’automne 2015 soit peu après sa sortie de prison suite à une autre affaire d’escroquerie et d’extorsion de fonds dont a été victime l’homme d’affaires Hamadi Touil. Il devait être poursuivi pour une affaire similaire dont avait été victime un autre homme d'affaires Hakim Hmila qui a fini par retirer sa plainte après avoir récupéré son argent en toute dernuère minute. Selon nos sources, la somme restituée provenait en réalité en bonne partie du moins de Chafik Jarraya dont on connait les liens avec Elwafi.

Comment l'arrestation de Chafik Jarraya a encouragé la victime à porter plainte

N’ayant pas obtenu la faveur qu’ils attendaient, la dame et son fils demandent la restitution de leur argent. Devant leur insistance Elwafi leur promet un premier versement de 240 mille dinars. Il ne tiendra pas sa promesse. Devant ses atermoiements, ils acquièrent la certitude qu’ils ont été roulés. La chute de Jarraya donnera confiance et courage à la plaignante et son fils pour saisir la justice.Conseillés par leur entourage, ils s’adressent au cabinet du chef de Gouvernement.Tout ira très vite. Dès le 15 juin, la justice se met en branle. Elwafi est interdit de voyage. Aussi, il fait l’objet d’une surveillance étroite, et a été mis sur écoutes. Rapports de police, enregistrements et autres témoignage à charge sont mis à la disposition de l’instruction. L’affaire est confiée aux enquêteurs de la Garde nationale de l’Aouina. Il est convoqué le vendredi, mais il ne se présente pas, préférant contacter quelques amis influents pour intercéder en sa faveur. Ne sachant pas de quoi il s'agit au juste, il multiplait les appels à ses victimes pour vérifier s'ils n'avaient pas porté plainte contre lui. Pour ne pas éveiller ses soupçons, la dame en question lui assurera qu'elle n'avait engagé aucune poursuite à son encontre.

Sûr de lui, il ne se croyait guère poursuivi en justice et y passer

Convoqué à nouveau lundi matin, il se présente cette fois-ci, tout en demandant aux enquêteurs de ne pas dévoiler l’information. A sa grande surprise, Il apprend que la dame et son fils avaient porté plainte. L’étau se resserre autour de lui. Interrogé sur l’affaire de l’escroquerie, il nie tout en bloc, puis finit par faire des aveux lorsqu’il est confronté à l'intermédiaire et aux enregistrements. Mercredi dernier le juge d’instruction au pôle juridique et financier après l’avoir interrogé émet à son encontre un mandat de dépôt pour escroquerie et extorsion de fonds. Il encourt une peine qui peut aller jusqu’à 5 ans de prison sans compter d’autres affaires qui sont en cours.