News - 03.10.2017

L'élection du président de l'Isie tourne à la tragi-comédie

Instance et décadence

Une pièce, tragi-comique se joue dans l’hémicycle du Bardo, depuis quelques semaines et dont l’intrigue aboutit à une impasse, et le texte ne prévoit pas un dénouement.

D’échec en désaccord l'Assemblée des représentants du peuple n’est pas arrivée à élire un président pour l'Instance supérieure indépendante des élections (ISIE) après deux opérations de vote dont la dernière s’est tenue lors d’une session  parlementaire extraordinaire, le mardi 26 septembre. Deux tentatives électives consécutives, plusieurs  réunions  de la commission de consensus, deux candidats, issus d’une « surprenante » liste de sept  prétendants au poste de président de l’isie , un « 109 voix » inaccessibles  et un constat d’échec amer !

En effet la situation de blocage dans la quelle se trouve l'instance cristallise toutes les tensions qui régissent la vie politique tunisienne. Décrédibilisation, manque de transparence,  et insuffisance des textes législatifs régissant les instances constitutionnelles.

L’enjeu direct contextuel, est bien sûr la procrastination des élections municipales, sans cesse reléguées à « plus tard ».La tenue de ces dernières relèvent par ailleurs de plusieurs conditions non réunies, tels que l’adoption du  Code des collectivités locales, la mise en place des tribunaux administratifs régionaux…

Des élections hypothéquées, un processus de transition contrarié et des dysfonctionnements organiques qui obèrent  l’Isie et la placent dans une impasse sans précédent.

L’instance « publique indépendante» dont la mission principale consiste à assurer des élections et des referendums démocratiques libres, pluralistes, honnêtes et transparentes » voit son image de neutralité et d’indépendance fortement compromise et entachée par cet épisode d’échec électif récurrent.

Le premier acte de cette triste comédie été marqué par la présentation aux élections au  poste de président des sept parmi les neuf membres du conseil de l’ISIE, ce qui augure d’un climat malsain au sein même de l’instance et met en  doute  la capacité d‘un prochain président à gérer un groupe hétérogène et divisé.

Par ailleurs, le 7 octobre est la date limite pour effectuer le tirage au sort pour  le renouvellement de la composition du conseil de l'instance qui  se fait par tiers tous les deux (2) ans conformément aux procédures prévues par la loi organique réglementant le fonctionnement interne de  l'Instance supérieure indépendante pour les élections. Le 8 octobre le bureau exécutif de ISIE se trouvera donc diminué de trois autres membres, et le doute plane déjà sur la tenue de cette procédure. En effet  l’arrivée de deux  nouveaux membres Najla Brahem et Anis Jarboui,  élus dans le cadre du pourvoie aux vacances dans le conseil et ayant prêté serrement  le 26 septembre complique la tenue de ce tirage au sort. Ce dernier visant à renouveler le 1/3  du conseil de l’ISIE concernera un groupe de 6 membres, dont les deux nouveaux.

Le deuxième acte porte le coup de grâce à l’essence morale de l’instance. En effet les deux candidats en lice   Nabil Baffoun et Anis Jarboui sont désormais perçus, même s'ils s'en défendent, comme des porte-étendards des deux principaux groupes parlementaires, D’un côté Ennahdha,  et de l’autre Nidaa Tounes. Un pas de plus dans le schisme de la fragile union autour du Pacte de Carthage.
A court terme et en l’absence d’élection ou de consensus autour de la présidence de l’Isie, les élections législatives partielles pour la circonscription Allemagne ne pourraient pas avoir lieu, et à moyen terme, ce sont les  élections municipales qui restent  hypothéquées.

 

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1 Commentaire
Les Commentaires
KHAZBI - 04-10-2017 23:10

"Ils se sont mis d'accord de ne pas se mettre d'accord", telle est la formule classique connue de tous, qui s'applique tristement à la tragi-comédie se déroulant autour de la désignation du président de l'ISIE. La décrédibilisation de cette Instance découle d'une question qu'on est en droit de se poser, avec une certaine inquiétude et une dose de suspicion : mais pourquoi donc certains partis politiques tiennent-ils tant à s'accaparer de cette présidence ? La réponse qui vient, tout naturellement et naïvement, à l'esprit est la suivante : c'est peut être qu'il serait plus facile à un parti de falsifier les résultats d'un scrutin à son profit grâce à l'intervention d'un président ami. Ce serait grave, très grave même. Mais comment ne pas se la poser cette question devant toutes ces péripéties scandaleuses ? Avant de finir mon commentaire, je voudrais faire deux petites remarques à l'auteur de cet excellent article. La première, et pour laquelle je le remercie, est qu'il m'a appris un mot que j'ignorais totalement : la procrastination. La seconde consiste à lui recommander amicalement de changer de logiciel correcteur. Deux coquilles, en effet, ont pu se glisser dans son texte. Comme il doit, sans aucun doute, le savoir : on prête "serment" dans le cadre du "pourvoi" aux vacances...

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