Chaker vu par Youssef Chahed : Un optimiste invétéré
Quelques minutes avant son extinction, le dimanche 8 octobre 2017 à l’Hôpital militaire de Tunis, j’étais à son chevet. Alerté par son état de santé, j’avais accouru auprès de l’ami, du collègue, du patriote qu’il avait toujours été. Mais la volonté de Dieu en fut autrement et sa perte est immense. Paix à son âme.
Avec la disparition de Slim Chaker, la Tunisie a perdu un de ses plus éminents hommes d’Etat, et j’ai personnellement perdu un collègue et surtout un ami.
Ces dernières années, j’ai eu la chance de côtoyer Slim de près, à Nida comme au gouvernement. Cela m’a permis d’apprécier ses très grandes qualités. Slim était avant tout un homme de conviction. Son engagement pour la Tunisie était sans faille et sa volonté de contribuer à son progrès était inébranlable. Il avait cette apparence de fermeté, de pragmatisme et de rigueur mais ceux qui l’ont fréquenté ont pu découvrir également quelqu’un de très humain, de très ouvert et surtout un grand rêveur. Ses rêves, il les réservait pour la Tunisie et les Tunisiens pour lesquels il voulait un avenir meilleur.
Petit-fils du martyr et figure du mouvement national Hédi Chaker et fils de l’ancien ministre et ambassadeur Mohamed Chaker, il a su, à son tour, faire honneur à son pays et être à la hauteur de ses ascendants. Dans toutes les responsabilités nationales qu’il a assumées, des postes de secrétaire d’Etat à ceux de ministre, il a montré une implication ultime pour une Tunisie juste et meilleure.
Je me rappellerai toujours notre dernier entretien à Dar Dhiafa, deux jours avant sa tragique disparition. A peine quelques semaines après sa nomination au poste de ministre de la Santé, Slim avait déjà identifié les chantiers prioritaires de son département. Il était déterminé à mener les réformes nécessaires, tout en étant conscient des enjeux, des difficultés et de l’ampleur de la tâche. En quelques semaines, Slim avait déjà des idées, des objectifs, un plan et une méthode. Mais ce qui m’a le plus marqué, c’est son optimisme. A aucun moment, ce jour-là et même avant, je n’ai senti qu’il doutait de son entreprise, ni appréhendait les grandes responsabilités qui étaient désormais les siennes. L’optimisme de Slim Chaker découlait en fait directement de sa volonté.
A la fin de notre entrevue, j’étais heureux et fier. J’étais, en effet, rassuré pour le secteur de la santé.
C’est avec une profonde tristesse que je lui ai rendu un dernier hommage en ce lundi 9 octobre devant sa famille, ses amis, ses collègues et des milliers de Tunisiens venus lui faire leurs adieux.
Slim restera dans le cœur de tous les Tunisiens un exemple d’honnêteté et de dévouement à sa patrie, à ce en quoi il croyait, et à ce pour quoi il se battait. Un homme de principes et de valeur désintéressé, un homme juste, amoureux de son pays.
Je saisis cette occasion pour adresser de nouveau à sa famille, pleine de courage et de dignité, mes condoléances les plus attristées.
Que Dieu l’accueille dans Son éternel paradis et qu’il repose en paix.
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