Le diagnostic du FMI sur l’économie tunisienne: des signes de reprise, mais les risques pour la stabilité macroéconomique nécessitent des mesures décisives
Une équipe du Fonds monétaire international (FMI), vient d’effectuer une visite d’une quinzaine de jours en Tunisie pour discuter des plans d'action des autorités dans le cadre de la troisième revue du programme de réformes économiques de la Tunisie soutenu par le Mécanisme Elargi de Crédit (MEDC).
Selon un communiqué de la délégation, la visite a été marquée par « des discussions constructives avec les autorités tunisiennes» sur les politiques nécessaires pour achever la troisième revue dans le cadre du programme MEDC. Les discussions ont connu «un progrès significatif». Les autorités tunisiennes ont exprimé leur ferme engagement à agir rapidement sur des réformes économiques urgentes pour paver le chemin vers le passage de la troisième revue devant le Conseil d'Administration du FMI, prévu provisoirement pour début juillet. L'achèvement de la revue permettrait l’accès à 177 millions de DTS (environ 257 millions de dollars), ce qui porterait le total des décaissements au titre du MEDC à environ 1,2 milliard de dollars.
Des signes de reprise au premier trimestre
La délégation considère que « L'économie tunisienne a montré des signes de reprise au premier trimestre de cette année. La croissance économique à 2,5% (en glissement annuel) était la plus élevée depuis 2014, grâce à une forte production agricole et des exportations dynamiques. Le déficit du compte courant s'est quelque peu amélioré, à la faveur d’un taux de change plus flexible. Les flux d'investissements directs étrangers ont également repris, et le nouveau guichet unique pour les investisseurs "Tunisia Investment Authority" améliorera encore le climat des affaires. Les réformes prévues pour renforcer la gouvernance et améliorer l'accès au financement permettront à la reprise à créer plus d'emplois dans le secteur privé».
Néanmoins, la délégation attire l’attention sur « les risques croissants pour la stabilité macroéconomique». L'inflation a atteint 7,7% (en glissement annuel) en avril, son niveau le plus élevé depuis 1991. Les agrégats monétaires et de crédit continuent de croître rapidement et exerceront une pression supplémentaire à la hausse sur les prix au cours des prochains mois. La couverture des importations par les réserves de change a encore baissé. En outre, l'environnement extérieur de la Tunisie est devenu moins favorable ces derniers mois en raison de la hausse des prix internationaux du pétrole et de l'aversion accrue pour le risque sur les marchés financiers internationaux». Pour y remédier, la délégation du FMI appelle à «des mesures décisives (et) nécessaires cette année pour lutter contre l'inflation, réduire le déficit budgétaire et protéger les pauvres». A ses yeux, Il s’agit de conditions préalables à la création de nouvelles opportunités économiques pour les Tunisiens et à la protection des jeunes contre un endettement excessif à l'avenir».
Pour un resserrement supplémentaire des conditions monétaires
L'équipe du FMI est « d’accord avec la banque centrale sur la nécessité d’un resserrement supplémentaire des conditions monétaires pour réduire l'écart entre les taux d'intérêt et l'inflation». En ce qui concerne le budget, les trois priorités saillantes à court terme sont pour le FMI de :« (i) poursuivre les efforts visant à réduire les subventions à l'énergie qui favorisent de manière disproportionnée les plus aisés ; (ii) contenir la masse salariale du secteur public, qui est proportionnellement parmi les plus élevées au monde ; (iii) et adopter le projet de loi sur la réforme des retraites pour améliorer la viabilité financière du système de sécurité sociale. Des transferts accrus aux familles les plus vulnérables, afin de les protéger de l'impact de la hausse des prix, accompagneront les efforts de réforme».