News - 15.07.2018

Comment les Tunisiens du Canada sont-ils perçus ? (Album Photos)

Solidaires, mais...

La communauté tunisienne est relativement bien intégrée. En tout cas, elle n’est nullement ghettoïsée, et on peut trouver des Tunisiens dans toutes les zones de Montréal avec une toute petite concentration dans ce qu’on appelle le Petit Maghreb, rue Jean-Talon Est, où se retrouvent pas mal de nos amis algériens qui sont la communauté maghrébine la plus nombreuse (effets des années noires dans leur pays) et avec laquelle les Tunisiens jouissent d’un haut niveau de solidarité.

Maintenant, les choses ne sont plus ce qu’elles étaient. J’ai parlé de l’extrême hospitalité des Québécois à notre égard dans les années 70. Je crois qu’elle a été remplacée par beaucoup de méfiance. Cela est dû à certains comportements déplacés des nôtres, et quand je dis les nôtres, je parle des Maghrébins en général, surtout à l’égard des femmes. On dirait que notre éducation nationale des années 80 et 90 n’a pas insufflé des attitudes de citoyens du monde à nos jeunes, car ceux-ci font fi des valeurs des pays d’accueil, certains d’entre eux se comportent en goujats (exemple ils se marient avec des Québécoises pour les papiers et les laissent choir une fois leur statut de résidents obtenu). Fatalement, cela provoque un rejet chez les autres. Le tout a culminé avec le 9 -11-2001.

Les Québécois, comme tous les Occidentaux, ont très mal vécu ces attentats et en tant qu’Arabes, nous avons subi une transformation malheureuse du regard des autres sur nous. Je travaillais encore et dans mon milieu de travail, j’ai pu mesurer l’étendue du désastre sur la façon dont nous sommes perçus par les gens du pays d’accueil, toutes communautés confondues, Grecs, Italiens, Français, Portugais et Québécois de souche. Ajoutons Al Qaïda et Daech et l’amalgame est au point. Toutefois, l’État québécois et l’État fédéral canadien respectent nos droits et jamais nous n’avons eu le sentiment d’être des citoyens d’une autre classe.

Il se trouve aussi que pour l’accès au marché du travail, les conditions sont devenues difficiles pour nos jeunes. Un employeur moyen de culture et peu porté sur le discernement en lecture politique peut très facilement recaler un candidat tunisien qualifié. Lui préférant un latino ou un Africain subsaharien, ou un Haïtien....