De «l’heure rouge» à Carthage aux frontières de l’art contemporain
TUNIS (MÉDIAMOSAÏQUE) De Carthage à l’Afrique, en passant par Aimé Césaire: l’« Heure rouge » aux frontières du Maghreb pour le Vivre Ensemble en Paix, c’est ce qui aura animé 13 marcheurs(1) partant de Tunis vers la frontière algérienne qui ont posé un acte fondateur d’un renouveau de l’art contemporain en Afrique, en appelant à la levée des frontières, des barrières et des conformismes pour libérer l’énergie créatrice africaine. (Voir légende des photos en bas)
De nos sources à Tunis
«Les arts sont les nouveaux spas. Les publics, toutes générations confondues, se tournent vers les expériences culturelles pour réduire l’anxiété, alors que 71 % des répondants mentionnent la capacité unique de la culture à soulager le stress comme important motivateur de leur participation»(2): voici l’une des conclusions les plus surprenantes du rapport Culture Track: Canada de Business /Arts, première étude canadienne en son genre.
Cet art tant prisé se trouve dans les terres qui s’expriment dans et par les multitudes, hors de l’idée de masse, par des expériences subjectives, telles qu’elles se retrouvent, l’Afrique en tête, en Asie ou encore dans les Caraïbes.
Alors soit! Que se passe t’il en Afrique, pour ne parler que de ce continent de l’essentiel ?
Le génie y est à l’œuvre. Parlons de cette expérience qui couve et qui va bientôt nous surprendre. Oui, c’est pour bientôt.
Le 22 juillet 2018, sous l’égide de plusieurs artistes mobilisés par l’espace Sadika, (http://www.sadika.com), grand centre d’arts et de résidence artistique, né du souffle du verre, à Tunis-Gammarth, accueillant en son sein la galerie d’art contemporain Alain Nadaud, 13 chantres de la Paix marchent pour l’ouverture des cœurs et la levée des frontières, par un geste artistique ciblé et en solidarité avec les Marocains et les Algériens ayant choisi de marcher le jour même vers la frontière algéro-marocaine pour la levée des frontières fermées entre les deux pays depuis 1994. La stratégie de la performance artistique est simple, belle et vraie: « love is in the less ». L’action minimalisée se voulait discrète, sans recherche de mobilisation de masse. Ni subversifs, ni transgressifs, ni dissidents de l’art contemporain, parmi ces artistes du renouveau, tous reconnus dans leurs arts, beaucoup ont fait partie de la prestigieuse sélection pour représenter le pavillon tunisien à DAK’ART 2018, La Biennale de l’Art africain contemporain qui s’est tenu du 3 mai au 2 juin 2018 à Dakar, sous le haut parrainage du Président de la République du Sénégal.
La Tunisie, le Rwanda, ont été mis, en effet, à l’honneur lors de cette Treizième édition qui a vu une créativité artistique contemporaine sans précédent.
Après «La cité dans le jour bleu», faisant référence à un poème de Léopold Sédar Senghor, le thème de la Biennale 2018 aura porté sur le sceau d’un autre grand poète universel; à savoir «L’heure Rouge» de l’antillais Aimé Césaire, premier homme noir, Panthéonisé l’année de la Révolution du Jasmin, en 2011, avec une fresque monumentale, composée de portraits évocateurs de quatre périodes de la vie du poète, installée au cœur de la nef du Panthéon, à Paris, qui abrite, entre autres, André Malraux, Victor Hugo ou encore George Sand.
«L’heure Rouge », qui a été empruntée de l’expression extraite de la pièce du poète martiniquais «Et les chiens se taisaient» parle d’émancipation, de liberté et de responsabilité. L’idée de cette marche, des poètes du refus, aura surgi dans l’espace Sadika, en Tunisie, après la communion poétique d’une soixantaine d’artistes et poètes aguerris en réflexion dès le 13 juillet 2018, dans une soirée se laissant inspirée par la vision d’Edouard Glissant portée par «la Poétique de la Relation»; déterminés qu’ils furent et demeurent à agir pour l’avènement d’un courant, voire d’un mouvement artistique africain majeur.
Tout est parti d’une information stratégique; à savoir un simple article sur le web, de Oumma.com, datant du 12 juillet 2018, expliquant qu’«alors qu’une éclaircie semble poindre dans le ciel des relations algéro-marocaines depuis que l’Algérie a voté (en vain) en faveur du Maroc pour l’obtention de la Coupe du Monde de Football en 2026, la contestation contre une fermeture des frontières qui n’a que trop duré, source de problèmes socio-économiques, est en marche». Suite à cela dans l’heure, une réunion a lieu le 20 juillet 2018, lors de la «Journée africaine de l’écologie».
Deux jours plus tard, fidèles à l’esprit de l’«Heure rouge» du Maitre Césaire, ces artistes ont offert, après une marche partant de l’Espace Sadika, une performance, à la frontière algéro-tunisienne, ce 22 juillet 2018, à 10H00 précise, comme on écrit un prodrome, annonciateur d’un événement essentialiste de transformation de l’art contemporain africain en soubresaut et d’un renouveau se voulant être à la conquête du monde, sans frontières, dans l’histoire de l’art africain; et ce, au départ de la Terre-mère du monde: L’Afrique.
Lieu des causeries à Tunis-Gammarth, à l’espace Sadika, sur l’avènement d’un courant, voire d’un mouvement d’art africain, de l’Afrique vers le monde
Les 13 apôtres de l’amour, bravant la tempête de sable et le soleil de plomb de l’été tunisien auront marché à cœurs ouverts pour le Vivre Ensemble en Paix. Véritable contribution à l’effort mondial pour l’atteinte des 17 Objectifs de Développement Durable (ODD) des Nations Unies. La goutte annonce la vague. Oui, c’est pour bientôt, comme cela peut se percevoir.
La Tunisie et ses artistes n’ont, semble-t-il, pas fini de nous faire vibrer, en distribuant ces 555 Cœurs-Racines d’Art-en-Ciel aux passants et aux douaniers affables. Aimé Césaire nous l’avait prédit: « Il y a dans le regard du désordre cette hirondelle de menthe et de genêt qui fond pour toujours renaître dans le raz-de-marée de ta lumière».
1- 555 Cœurs en logo sous impression avant découpage pour distribution aux passants pendant la marche et aux douaniers de la frontière algéro-tunisienne;
2- Cœur en logo laissé en signe de paix sur le balconier en fleur aux abords d’une maison pendant la marche;
3- Artiste-marcheur bravant le soleil et la tempète de sable, brandissant un drapeau d’amour et arborant un cœur vibrant;
4- Les pôles d’influence faisant partie du mouvement de pensée à venir dans l’art contemporain africain en avènement.
(1)Les 13 marcheurs et marcheuses:
Artistes :Sadika Keskes, Ammar Belghith, Houda Ghorbel, Wadi Mhiri, Besma Hlel, Sameh Arfaoui, Brayk Naffeti, Hedia Bouhjila, Jean-Luc Chevy, Emna Essoussi.
Supporters: Neila Mhiri, Aline Trannois , Yasmine Naffeti (jeune de 16 ans)