Djerba: une île qui cultive bien son insularité
Comment raconter Djerba à ceux qui ne la connaissent pas ? Certes, le défi est grand quand l’espace imparti est restreint et quand il y a tant de choses à raconter. Djerba est une île qui a été amplement étudiée et réétudiée. Il ne s’agira donc pas de refaire une nouvelle étude sur Djerba, mais d’essayer de susciter l’envie de mieux connaître cette île tunisienne dont la renommée est devenue mondiale, de susciter l’envie de découvrir par soi-même les charmes tant vantés d’une île aux multiples qualificatifs.
Accessibilité
Le visiteur de Djerba peut y accéder par air, mer et terre. Depuis le développement du tourisme, Djerba a été dotée d’un aéroport international sans cesse rénové et dont la capacité d’accueil a été augmentée pour répondre aux besoins d’un trafic en croissance. Le trafic aérien a augmenté non seulement pour les touristes européens, mais aussi pour les Libyens (surtout durant l’embargo aérien) et les Tunisiens qui utilisent cet aéroport pour les vols internes (Tunis essentiellement) et pour le pèlerinage à La Mecque (pour les habitants du Sud-Est). Le visiteur a également le choix entre le bac qui relie Jorf et Ajim sur une distance de 2,5km et la route longue de 7km qui relie Djerba (par El Kantara) à la presqu’île de Zarzis.
La traversée par le bac garde tout son charme et surtout par beau temps et quand on a la chance d’être escorté par des dauphins ! En été, mais de plus en plus, tout le long de l’année, les longues files d’attente rallongent la durée du voyage par voie terrestre d’une heure et même plus. Malgré l’augmentation du nombre de bacs, ceux qui sont réellement opérationnels, ne suffisent pas à assurer une fluidité du trafic souhaitée par les voyageurs. Ceux qui sont rebutés par les longs délais d’attente préfèrent faire le détour par Médenine pour contourner la mer de Boughrara et accéder par El Kantara. La possibilité d’aménager une route à travers la mer est la conséquence de la faible profondeur des eaux marines et de la proximité du continent.
De ce fait, Djerba est une île fortement rattachée au continent et qui en subit les influences physiques et humaines depuis la nuit des temps. Du haut de la falaise de Jorf ou à travers le hublot d’un avion, le visiteur prend un premier contact avec le paysage djerbien. Djerba est une terre plate sans relief notable, l’altitude moyenne est d’une vingtaine de mètres et le point culminant est à 53m à Dhahret Gallala. Couvrant une superficie de 514 km2, c’est la plus grande des îles tunisiennes et l’une des plus grandes du littoral sud de la Méditerranée. Les distances entre les extrémités de l’île varient entre 20 et 30 km et le littoral s’étend sur 150 km. Le tour de l’île est faisable à vélo pour les amateurs de paysages naturels où les bouquets de palmiers poussent à proximité des terres salées des sebkhas et des marais. Le réseau de routes et pistes bitumées couvre 355km et il n’a cessé de s’étendre par le bitumage de nombreuses pistes reliant les zones d’habitat les plus denses. Les pistes non bitumées s’étendent sur plus de 200km et dessinent un réseau dense desservant les houmas et les terres agricoles avoisinantes
Climat, sol et eau.
L’effet de la mer adoucit le climat méditerranéen aride de Djerba. Les températures estivales sont inférieures à celles du continent même si le sirroco soufflant du sud-est ou du sud-ouest fait monter sensiblement les températures en juillet et août. En hiver, les températures ne baissent en dessous de 10° qu’exceptionnellement. L’insuffisance des pluies (une moyenne de 200 mm par an) est relativement compensée par la rosée facilement absorbée par les sols sablonneux qui prédominent dans l’île. Les eaux de pluie sont aussi collectées par les citernes (fasguia et majen) aménagées dans les menzels et près des mosquées. La tradition des citernes se maintient de nos jours et les Djerbiens qui construisent de nouvelles habitations prévoient toujours l’aménagement d’une citerne dont l’eau douce est utilisée pour la boisson et pour les préparations culinaires.
Pour les familles des zones de l’intérieur de l’île, le recours aux eaux des citernes est devenu impératif pendant la saison estivale en raison des coupures fréquentes et de longue durée de l’eau potable distribuée par la Sonede qui donne la priorité à la zone touristique très gourmande en eau potable. L’apport en eau douce du continent, renforcé par le dessalement, ne couvre pas les besoins en eau pendant la saison estivale durant laquelle la consommation augmente pour les usages agricoles, touristiques et domestiques. A la consommation des familles résidant à plein temps s’ajoute celle des touristes étrangers et tunisiens. Les besoins de l’agriculture et autres activités économiques sont aussi couverts par des puits de surface équipés de pompes électriques et des sondages de profondeur variée et dont le forage a augmenté malgré les interdictions craignant la surexploitation d’une nappe menacée aussi de salinisation par intrusion des eaux marines, surtout pour les terres proches de la côte.
La nappe phréatique nichée dans les sables de la zone centrale de l’île est la moins chargée de sel (moins de 2g/l) et elle a été à l’origine du développement des vergers s’étendant de Oualagh à Midoun et de la forte densification du peuplement.
Démographie et peuplement
Le paysage djerbien est fortement humanisé, la mise en valeur agricole et l’habitat aggloméré et dispersé en sont les marques les plus visibles. Le peuplement de l’île est très ancien et il n’a cessé de se renforcer malgré les maigres ressources naturelles locales. Djerba ne subvient aux besoins de plus de 140 000 habitants qu’en faisant recours à des ressources externes : l’eau, les produits alimentaires, les revenus issus de l’émigration vers l’étranger et les revenus du tourisme international et national.
Peuplée de près de 32 000 habitants au début du XXème siècle, Djerba avait une densité de population de 62 hab/km2. En 2004, la densité est de plus de 270 hab/km2. Cette moyenne, assez élevée par rapport à la moyenne nationale (61), ne reflète pas les variations de densité entre les différentes zones de Djerba. La carte des densités par imadat rend compte de certaines de ces variations : les zones de densité supérieures à 230 hab/km2 se situent dans le quart nord-est de Djerba. Dans la frange sud et ouest, les densités tombent au-dessous de 200 Hab/km2, à l’exception de la zone d’Ajim. La carte des zones bâties (habitat dense et dispersé, hôtels et équipements d’après l’image satellitaire de 2013) montre une distribution plus précise du peuplement. Trois grandes zones ressortent : l’agglomération de Houmet Souk (y compris l’aéroport et Mellita), la zone touristique au Nord-Est avec Midoun et la nébuleuse du Centre (autour d’El May) et du Sud (Gallala et Ajim). Ces trois zones s’étendent sur 125km2 (soit le quart de l’île), ce qui donne une densité réelle de plus de 1000 hab/km2.
Houmet Souk est le chef-lieu de l’île tant par le nombre d’habitants (45 000 hab. soit le tiers de la population) que par les services publics et privés qu’elle abrite. Midoun est la deuxième agglomération avec 25 000 hab. et de nombreux services publics et privés. Son dynamisme est étroitement lié à l’expansion du tourisme sur les côtes nord et est de Djerba et qui a dynamisé l’artisanat, les transports et les services commerciaux ainsi que les autres services (santé, conseils juridiques et techniques).
Migrations
Si le peuplement de Djerba est déterminé par la croissance naturelle de la population, il a été aussi et depuis longtemps conditionné par les mouvements migratoires. Sur un fond de peuplement amazigh, Djerba a vu affluer le long des siècles des populations d’origines géographiques et culturelles diverses. Elle a été une île refuge pour des minorités persécutées et par son insularité et par la pugnacité de ses habitants, Djerba a su préserver un fonds culturel propre qui se révèle dans un patrimoine architectural spécifique et dans un patrimoine matériel et immatériel où se mélangent les influences amazigh, arabes, turques, européennes et autres. Tout en étant une terre d’asile pour des populations réfugiées, Djerba a aussi été une terre d’émigration quand les maigres ressources locales se sont avérées insuffisantes pour nourrir une population en croissance.
Les Djerbiens ont émigré vers le nord de la Tunisie et vers l’Algérie pour faire du commerce dans le cadre d’un réseau communautaire organisant la prise en charge, la formation, les mobilités et l’alternance des périodes de repos et de travail. Puis, ils ont migré en France et dans d’autres pays d’Europe pour faire du commerce et travailler dans le bâtiment et les divers autres services. Leurs descendants exercent encore les métiers de leurs parents sans exclure des conversions imposées tant par la crise du petit commerce de détail et des autres métiers que par l’ascension sociale pour ceux qui ont réussi leurs études. Les émigrés djerbiens sont encore fortement attachés à leur île. Ils investissent l’essentiel de leurs économies dans le foncier et l’immobilier. Ils se font construire des maisons modestes selon le modèle architectural djerbien et certains se font bâtir de véritables palais dont le style n’est pas toujours en harmonie avec l’environnement ambiant.
Le départ des Djerbiens et la croissance économique ont entraîné le recours à une main-d’œuvre non qualifiée pour l’agriculture, le bâtiment et le tourisme, en majorité non originaire de l’île. Depuis les années cinquante et soixante du XXème siècle, Djerba a attiré des migrants en provenance du Sud-Est (Matmata, Ben Guerdane et Tataouine). Ils se sont intégrés en travaillant la terre des familles émigrées à Tunis ou à l’étranger. Parmi eux certains ont réussi à acquérir progressivement un patrimoine foncier et immobilier qui fait d’eux et de leurs descendants des notables respectés. L’afflux des émigrés n’a pas cessé avec le développement du tourisme et de l’immobilier qui a attiré des migrants du Sud-Est mais aussi du Centre-Ouest et du Sud-Ouest. Comme ceux qui ont précédé, les nouveaux migrants ont des projets d’intégration dans le tissu social et spatial de Djerba dont la réalisation commence par l’acquisition d’un lopin de terre en vue de la construction d’un logement aussi rudimentaire soit-il. Les terres sises à proximité des zones de peuplement ancien sont les plus convoitées, mais dont les prix ne sont pas toujours abordables.
Habitat
Sur des terres en propriété privée et dont le morcellement se poursuit au fil du temps par partages successoraux, les convoitises se font de plus en plus nombreuses et ce, en rapport avec le renchérissement des prix accéléré par la disponibilité des ressources financières issues de l’émigration. Paradoxalement, cette tendance ancienne n’a pas entraîné une concentration de l’habitat qui est resté dispersé dans sa majorité en rapport avec l’organisation territoriale de la société djerbienne. Le modèle du menzel est à la base de cette organisation en étant à la fois cellule d’habitat (houch) et cellule de production agricole (verger et cultures maraîchères). La conséquence en est la dispersion de l’habitat dans un tissu de terres agricoles densément irrigué par un réseau de pistes étroites (jadda) bordées de tabias de cactus et d’aloès, formant à la fois des voies de passage et des limites de propriété.
Certes les routes et les services commerciaux ont contribué à une concentration ancienne des services au niveau des carrefours mais qui s’est rarement accompagnée d’une concentration de l’habitat dans ces centres élémentaires. Une certaine concentration de l’habitat naît de l’agglomération de menzels en houma qui regroupe les familles qui ont des racines communes et possèdent des terres avoisinantes. La structure communautaire de la société a produit une structure communautaire de l’habitat et du territoire.
Traditionnellement, les habitants de Houmt Souk ont tendance à se distinguer de ceux des autres zones (qualifiés de ghabagia). Fiers de leur urbanité, ils tiennent à marquer leurs différences avec la ruralité des habitants des «villages» et des «campagnes». Au-delà de l’aspect polémique, cette question pose l’épineux problème du statut administratif des populations et ce qui en découle en matière de réglementation de l’habitat. Depuis 1969, toute l’île est érigée en territoire communal et ce malgré le fait que d’après le recensement de la population de 1966, moins de 20% de la population de Djerba étaient recensés en territoire communal. Administrativement, si aujourd’hui toute l’île est territoire communal, elle doit être couverte d’un plan d’aménagement urbain réglementant les superficies requises pour obtenir des autorisations de bâtir. Ce qui est loin d’être le cas et pose l’épineux problème du statut des terres non couvertes par un plan d’aménagement et qui font l’objet d’une spéculation foncière acharnée, surtout à proximité des routes bitumées.
Activités et sources de revenu
Les terres agricoles occupent près de la moitié du territoire insulaire mais elles n’employaient que 4% de la population active en 2004 (contre 28% en 1966), y compris les pêcheurs. L’agriculture n’est plus pour les Djerbiens qu’une activité d’appoint intéressant les personnes âgées plus que les jeunes. Rares sont les familles qui continuent à cultiver par elles-mêmes leurs fruits et légumes. Ce sont surtout les femmes qui continuent à pratiquer le jardinage et un petit élevage familial en utilisant l’eau de puits et parfois l’eau de robinet. Toutefois, une nouvelle dynamique agricole a vu le jour sur des terres longtemps abandonnées et relativement éloignées des zones d’habitat. Elle est le fait de promoteurs investissant des capitaux importants en vue d’une production commerciale essentiellement destinée aux hôteliers (fruits frais, lait et fromage).
La pêche reste une activité de subsistance pour une population possédant une flottille de plus de 2 000 embarcations de pêche côtière en majorité non motorisées (70%). Elle a fourni une production de près de 9000 t en 2011 mais qui reste insuffisante en été pour satisfaire les besoins des Djerbiens et des touristes.
Dans les années soixante, l’artisanat rapportait des revenus équivalant à ceux de l’agriculture et la pêche. Il s’agissait essentiellement d’un artisanat de la laine et de la poterie qui livrait des produits pour l’usage de la population tunisienne en majorité. L’artisanat de la bijouterie était le fait d’artisans juifs installés à Houmt Souk. L’artisanat utilitaire ayant connu un déclin quasi total, il a été relayé par un artisanat destiné aux touristes et dont la poterie de Gallala subsiste plus par la vente de la poterie de Nabeul que par la fabrication de produits locaux dont l’intérêt artistique ne manque pas. Les commerçants vendant aux touristes des produits de l’artisanat à Houmt Souk et à Midoun ne vendent qu’exceptionnellement des produits de fabrication locale.
Le tourisme est devenu l’activité économique principale à Djerba, non seulement par les emplois directs (plus de 10 000 emplois en 2011) mais aussi par les emplois induits dans le commerce, le transport et les autres services privés. En 2004, les services employaient plus de 57% de la population active à Djerba (36% en 1966). Le tourisme s’est développé à Djerba depuis les années soixante (en 1965, il y avait six hôtels avec une capacité d’accueil de 522 lits). Très rapidement l’expansion s’est faite sur la côte sablonneuse du quart nord-est de l’île, exploitant à fond les potentialités de la mer, du sable et du soleil. Initié par des investissements publics, le tourisme djerbien a vite attiré l’intérêt des investisseurs privés tunisiens et étrangers et ce n’est que tardivement que les hommes d’affaires d’origine djerbienne ont investi dans le tourisme à Djerba. Malgré la crise qui perdure depuis les années 2000, Djerba comptait plus d’une centaine d’hôtels en 2011 offrant plus de 42 000 lits et ayant abrité près de 4 millions de nuitées.
Les touristes sont en majorité des Européens (de plus en plus originaires de l’Europe de l’Est et de Russie) et très partiellement des Maghrébins (Libyens et Algériens) et des Tunisiens. Le tourisme des Tunisiens à Djerba revêt des formes diverses : du séjour à l’hôtel jusqu’à la location chez l’habitant en passant par les résidences secondaires des Djerbiens ou autres résidant hors de l’île. Les maisons d’hôtes restent limitées malgré quelques expériences réussies sur le plan architectural et les services fournis à Midoun, Erriadh ou Houmt Souk.
Patrimoine
La campagne menée par les associations et la société civile pour l’inscription de Djerba par l’Unesco sur la liste du patrimoine culturel mondial, engagée depuis les années 90, a abouti à l’acceptation de la demande d’inscription en attendant la reconnaissance de la «valeur universelle exceptionnelle» ainsi justifiée : «Par sa situation géographique et par la place qu’elle a occupée dans l’histoire tant régionale que méditerranéenne, l’île de Djerba peut être considérée comme le carrefour de la Méditerranée antique et médiévale.» «Chantée par Homère sous le nom de «île des Lotophages», étape incontournable de la grande aventure phénicienne vers l’Ouest, grand comptoir de productions «industrielles» et d’échanges commerciaux et culturels pendant l’Antiquité classique, terre de la «Ghriba», la plus vieille synagogue de tout l’Occident méditerranéen, refuge paisible des Ibadhites, «place forte» disputée par les grandes puissances de l’époque durant le Moyen Age, conservatoire de paysages «homériques» et de traditions millénaires, Djerba a gardé de ce riche passé un patrimoine archéologique, historique et immatériel d’une grande variété: le mausolée numide de Henchir Bourgou, le vaste site archéologique de l’opulente ville antique de Meninx, la vénérable synagogue de la Ghriba, la forteresse turque de Ghazi Mustapha édifiée à l’emplacement d’un ancien ribat des premiers temps de l’Islam, de nombreuses mosquées d’une grande pureté et originalité architecturales, un habitat dispersé typique illustrant une grande capacité d’adaptation de l’homme à son milieu naturel et une occupation du sol originale.
Ce riche patrimoine culturel n’occulte pas la beauté et la qualité des paysages naturels encore sauvegardés mais qui se trouvent menacés par la conjugaison de plusieurs facteurs dont notamment l’expansion de l’urbanisation.» (Unesco).
Le classement étant fait, il reste beaucoup à faire pour réellement préserver ce patrimoine de façon durable et en faire les bases d’un tourisme culturel, archéologique et écologique qui peine à s’imposer dans l’offre touristique de l’île, comme ailleurs en Tunisie En focalisant les services touristiques sur la côte nord et est de Djerba et au niveau des deux centres urbains (Houmt Souk et Midoun), le tourisme djerbien a tourné le dos à la Djerba profonde, réelle garante du patrimoine de valeur universelle exceptionnelle. Si ce patrimoine réside dans un écosystème avec des paysages spécifiques et dans un modèle original d’organisation architecturale et territoriale de la société djerbienne, il se manifeste aussi à travers des traditions vestimentaires, culinaires et festives propres aux Djerbiens et aux Djerbiennes.
Il n’en demeure pas moins dans les mentalités, les croyances et les pratiques religieuses d’une population qui s’attache aux traditions comme elle peut faire preuve d’ouverture et de modernité. La scolarisation et l’émigration vers l’étranger ont été des facteurs d’évolution des mentalités et d’émancipation de la femme. Malgré le poids des traditions, et depuis les temps reculés, la Djerbienne a affirmé sa participation active à la vie sociale en gérant les affaires de la famille en l’absence du mari émigré, en possédant des terres et des biens par héritage, en concluant des achats et des ventes de biens fonciers et immobiliers…
Ridha Lamine