Qui sera le candidat de la Tunisie au poste de secrétaire général adjoint de la Ligue arabe
La Tunisie est-elle en mesure de présenter le meilleur candidat à même d’être désigné secrétaire général adjoint de la Ligue des Etats arabes et chef de son centre à Tunis ? Le poste, très convoité, tant par des Tunisiens que par d’autres candidats arabes, est resté vacant depuis le 15 avril dernier, date de la fin de mandat de cinq ans d’Abdellatif Abid. Il appartiendra au conseil de la Ligue (au niveau ministériel) de procéder lors de sa session de septembre prochain, sous la présidence de la Tunisie, à la désignation du successeur. Rien n’est gagné d’avance, surtout que certains essayent d’y placer les leurs, en recasement de fin de mandat. Au ministre Jhinaoui et au président Ennaceur de barrer la route aux intrus imposés en récompense, et de faire aboutir le profil idoine, dignement mérité par la Tunisie.
Si rien n’est inscrit dans le marbre statutaire de l’organisation, réservant cette fonction à un Tunisien, l’accord intervenu depuis le retour du siège de la Ligue au Caire, en 1990, l’a consacré. C’est ainsi que depuis 28 ans, quatre Tunisiens y ont été successivement investis, sans discontinuité. Le premier a été, tout naturellement, Mongi Fekih, déjà secrétaire général adjoint chargé des Affaires administratives qui devait gérer le retour au siège. Puis lui succèderont, dans un autre format, Noureddine Hached (1996 – 2006), suivi de Chedli Neffati (2007 – 2012), puis finalement Abdellatif Abid (15 avril 2014 – 14 avril 2019).
Le profil requis est celui d’un éminent diplomate, qui a été au moins ambassadeur et représentant auprès de la Ligue, ou chef d’une institution arabe, rompu à l’action arabe commune, fin connaisseur de la Ligue et de son fonctionnement, adoubé par le secrétaire général Ahmed Abou El Gheit, et les chefs de la diplomatie des pays membre, et capable d’apporter une valeur ajoutée à la fonction et au Centre de Tunis.
A l’image des candidats à l’élection présidentielle, rares sont les véritables compétences appropriées, innombrables sont les fantaisistes illégitimes, à se bousculer au portillon. Comment sauver ce poste des incompétents, et le soustraire aux volontés de l’offrir en compensation à des affidés, indûment capables d’y prétendre ? Comment le repositionner en levier de l’implication au quotidien dans les hautes instances de la Ligue de la Tunisie qui en assume la présidence depuis le sommet de Tunis le 31 mars 2019 ? La responsabilité en incombe au ministre des Affaires étrangères, Khemaies Jhinaoui et, en définitive, au président de la République par intérim, Mohamed Ennaceur.
Une fonction réduite de moitié
Le mandat du secrétaire général adjoint est double. D’abord, il est le premier des adjoints du secrétaire général de la Ligue, devant en principe siéger le plus longtemps possible à ses côtés au Caire, et remplir les missions de représentation qu’il lui confie. Aussi, diriger le centre de Tunis, notamment chargé des activités en Afrique du Nord ainsi que du dossier de l’émigration arabe en Europe.
On ne saura pas exactement pourquoi ces termes de référence se sont réduits en pratique à la deuxième composante, juste la direction du Centre, avec une concentration sur Tunis, même pas la Tunisie. Dernier titulaire en titre, Abdellatif Abid, dirigeant d’Ettakatol, élu à l’ANC en 2011, nommé ministre de l’Education sous la Troïka, et candidat malheureux à la direction générale de l’ALECSO, s’est rabattu sur ce poste. Il se contentera d’organiser au siège du centre au Lac, rencontres littéraires, expositions artistiques, conférences et spectacles musicaux… grandes priorité de l’action arabe commune !
Où sont les Tunisiens dans l'appareil de la Ligue?
En accueillant le siège provisoire de la Ligue à Tunis, en 1979, la Tunisie a été portée en la personne de Chedli Klibi, au secrétariat de l’organisation panarabe et y avait délégué à ses côtés nombre de hauts fonctionnaires et éminents diplomates. Nombre d’entre eux étaient affectés au siège dans la capitale tunisienne, alors que d’autres étaient déployés en tant qu’ambassadeurs de la Ligue dans de grandes capitales et auprès de l’ONU : Mahmoud Maamouri, Moncef El May, Hamadi Essid, et Mohamed Trabelsi, pour ne citer que ceux là ont dignement servi l’organisation panarabe, lui donnant toute sa splendeur.
Aujourd’hui, l’effectif tunisien exerçant au sein de la Ligue est extrêmement réduit. Un seul chef de poste à l’étranger, et quelques rares fonctionnaires à des postes guère élevés. Il faut dire que nous y sommes beaucoup. Cédant nos positions une à une, privilégiant la carrière de ceux qui se concentrent sur leurs avantages, omettant de se battre pour proposer de grosses pointures et les faire nommer, nous avons pris du recul. Emerveillé par le succès du sommet arabe de Tunis, le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmed Aboul Gheit a sérieusement demandé au président défunt Caïd Essebsi, devant Selma Elloumi et Khemaies Jhinaoui, de « prêter » à l’organisation d’éminentes figures tunisiennes.
C’est aujourd’hui l’occasion de présenter une candidature de très haut niveau.