Myriam Fezai : Une grande Dame, Un Esprit Libre
Aux grands esprits, la reconnaissance universelle
Myriam Fezai, éminente chercheuse en neurosciences(née en 1983 à Dar Chaabane, gouvernorat de Nabeul), vient de nous quitter. C’était une femme pleine de joie et de vie, une femme de grande intelligence et de dévouement aussi. Myriam a étudié la Biologie à la Faculté des Sciences de Bizerte avant de faire un mastère original à l’Institut Pasteur de Tunis, étudiant les toxines marines et notamment ceux du petit poisson vive, communément dit « bellem » en dialecte tunisien. Un projet qu’elle tenait à cœur.
Grande amoureuse de la mer et de la nature, elle est allée à la pèche, ramené ses poissons et extrait ses toxines. Elle a étudié et décrit ses activités neurotoxiques soupçonnées et montré aussi le grand potentiel anticancéreux du venin de ce petit poisson. Ses travaux sur le sujet sont devenus une référence mondiale. Son enthousiasme pour l’étude des interactions neurologiques moléculaires au niveau du cerveau humain et son excellent bagage scientifique l’a qualifié pour faire une brillante thèse au sein du département de physiologie de l’Université de Tübingen, Eberhard KarlsUniversität, en Allemagne. Là aussi, Myriam a réussi la prouesse de décrypter l’infiniment petit et à découvrir une nouvelle forme de régulation du volume et de l’excitabilité des cellules neuronales. Grâce à son dévouement pour son travail et sa personnalité extraordinaire, elle a décroché coup sur coup des offres de postdoctorat au sein même de l’université de Tübingen, mais aussi à l’Université de Lund en Suède et l’Université de Copenhague avec à la clef une bourse d’excellence de la fondation danoise Carlsbergfondets. Elle a consacré sa carrière à l’étude des dérégulations physiologiques du corps mais la vie a voulue autrement et elle a été rattrapée par une dérégulation physiologique rare, une maladie orpheline, et elle nous a quittéeprématurémentle 4 Septembre 2019.
Myriam était aussi, à ses heures perdues durant ses années bizertines et longtemps après, une spéléologue confirmée. Membre actif de Association de Spéléologie de Bizerte, elle a exploré et étudié de nombreuses grottes et cavités souterraines. Elle a notamment participé à l’élaboration d’un plan national pour la surveillance active de la rage jamais réalisée chez des chauves-souris grâce à ses talents de spéléologue et son bagage de biologiste.
Myriam était aussi une grande militante pour le développement scientifique de son pays, la Tunisie. Elle était membre fondateur de premier réseau des jeunes chercheurs tunisiens dans le monde, créé en 2015 pour accélérer le transfert technologique vers la Tunisie et faire du lobbying scientifique pro-tunisien dans le monde. Durant ses travaux de recherche en Allemagne, elle a contribué a établir la plus grande collection au monde de transporteurs, kinases et autres protéines responsables dans le trafique électrique dans le cerveau. Elle a négocié avec son Université pour avoir une copie personnelle de cette bibliothèque. Sa volonté était que cette copie soit remise à un laboratoire Tunisien. Son testament sera réalisé et le souvenir de son implication scientifique dans son pays sera perpétué.
Myriam Fezai est partie trop jeune, trop vite, mais elle a laissé derrière elle une trace indélébile et on continuera à citerson nom grâce à sa science et à son travail.
Que Dieu, le Tout Puissant lui accorde son infinie miséricorde et l’accueille dans son éternel paradis
Mohamed Jemaa
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انا لله و انا اليه راجعون الله يرحمها و يصبركم على فراقها