Lamia Zribi et Abdelhamid Triki répondront à l’épineuse question, de la soutenabilité de la dette tunisienne, au Cercle Kheireddine
La Tunisie a-t-elle atteint la côte d’alerte et saturé sa capacité d’endettement extérieur? Avec plus de 78 milliards de dinars en 2018, soit 74% du PIB, et des besoins de 8.8 milliards de dinars nécessaires à mobiliser à l’étranger pour le budget de l’Etat de l’année 2020: la question devient cruciale. Pour y apporter des éclaiarges utiles, le Cercle Kheireddine invite le samedi 18 janvier (date symbolique de la révolution tunsienne, en 1952) deux spécialistes. Au cours d’une rencontre débat qui sera modéré par Mahmoud Ben Romdhane, président du conseil d’orientation stratégique, Lamia Zribi, ancienne ministre des Finances, dressera l’état des lieux et esquissera un diagnostic. De son côté, Abdelhamid Triki, ancien ministre du Plan et de la Coopération Internationale traitera des défis de l’endettement extérieur tunisien et les moyens de les surmonter. Samedi 18 janvier 2020, de 9h à 12 h, au siège de l’UTICA, Cité El Khadra
Dans un document introductif, le Cercle Kheireddine écrit: Depuis 2011, la Tunisie est entrée dans une période d’endettement croissant à un rythme très rapide. Non pour financer ses investissements, mais ses dépenses improductives: masse salariale du secteur public et dépenses de compensation, notamment énergétiques.
Compte tenu de ses déficits extérieurs et de la très grave détérioration de son solde courant, le pays a de plus en plus tendance à recourir à des financements extérieurs.
La dette extérieure totale (celle de l’Etat et des entreprises) a atteint plus de 78 milliards de dinars en 2018, soit 74 % du PIB; quant au service de cette dette, il a connu un bond spectaculaire à partir de 2017: un doublement par rapport à la moyenne 2011-2015. Les années 2020-2025 sont des années de fortes tensions sur les finances externes de la Tunisie: au taux de change actuel du dinar vis-à-vis des principales monnaies internationales, un montant annuel moyen de 10 milliards de dinars devra être remboursé aux créanciers, soit le triple de la moyenne 2011-2015.
Compte tenu de la rigidité de son cadre macro-financier (en particulier, une croissance molle, un déficit énergétique incompressible à moyen terme s’établissant à un minimum de 7% du PIB), la Tunisie ne pourra honorer sa dette sans lever des fonds auprès de ses partenaires internationaux d’un montant avoisinant le service de sa dette.
A ce jour, rien n’est prévisible. Le Fonds Monétaire International n’a pas procédé aux décaissements programmés, considérant que les réformes et les mesures de redressement n’ont pas été mises en œuvre. Les autres institutions financières internationales ou régionales ont, certes décaissé les prêts programmés, mais partagent la même analyse. Même si elles venaient à modifier leur diagnostic, se pose la question de notre exposition /pays qui viendra limiter leurs engagements nouveaux en faveur de la Tunisie. Tous les scénarios sont possibles.
L’objet de la rencontre qu’organisent le Cercle Kheireddine et le Forum Ibn Khaldoun est de présenter l’état des lieux de la dette tunisienne et de son échéancier de remboursement à moyen terme et d’examiner sa soutenabilité au regard de différents scénarios. Il consiste également à dégager les voies et les moyens qui sont de nature à préserver la soutenabilité de notre dette à moyen et long termes et à inscrire la Tunisie dans une trajectoire de croissance durable.