Saber Trabelsi: Si j'étais chef de gouvernement, Voici les 5 premières mesures que je devrais prendre
Les 5 premières mesures qui me semblent de nature à adresser les urgences de la Tunisie dans notre contexte économique, social et géopolitique actuel sont les suivantes:
1. La Tunisie dans toute sa profondeur: engager toutes les forces vives pour relancer toutes les composantes de la société Tunisienne, chercher une nouvelle dynamique, un renouveau, une relance de la morale et du sens de l'engagement. Deux types de contributeurs peuvent ainsi être sollicités dans ce cadre: (i) les différentes associations à but non lucratif, et (ii) les représentants locaux élus ou désignés. L'objectif est de contribuer aux échanges et être des relais avec la société avec le moins d'intermédiaires possible (parler au peuple!).
2. La Tunisie qui travaille: prendre des mesures qui incitent les Tunisiens à travailler (volume et qualité). Incitations financière et fiscales à la création de sociétés, établissement d'une politique d'attribution des primes dans les différentes sociétés publiques selon des objectifs ambitieux, promotion des valeurs de travail et d'engagement citoyen dans les médias en s'appuyant sur la fibre nationale et sur des exemples historiquement connus et célèbres (Japon, Chine ou encore l'Allemagne, considérée comme le corps malade de l'Europe il y a à peine quelques dizaines d'années à titre d'exemple)
3. La Tunisie "fluide": travailler sur les points clés pour la fluidité du pays: (i) passer des messages forts auprès des responsables des différents services publics pour un service rapide et irréprochable (moyennant un dispositif de contrôle plus puissant), (ii) faire le point sur les projets d'infrastructure afin de finaliser les travaux au plus vite - aspect visible au quotidien des Tunisiens, qui peut avoir un impact psychologique important (positif ou négatif). Casser ainsi l'image de la Tunisie accablée, et installer une nouvelle mentalité: la Tunisie fluide, qui avance (à l'image de certains pays asiatiques qui ne disposent pas de plus de moyens que la Tunisie, et on ne parle pas ici de la Chine qui construit un hôpital en 10 jours).
4. L'avenir de la Tunisie hors improvisations urgentistes: Travailler en mode projet avec les organismes majeurs du pays (UGTT, UTICA, etc.) pendant une à 2 semaines maximum pour identifier : (i) les sujets clés pour la Tunisie d'aujourd'hui et demain (éducation, santé, retraite, innovation, marché du travail, politique financière et monétaire, tourisme, patrimoine, culture, sport, etc.), et (ii) des experts en chaque matière. Essayer de se concentrer sur une dizaine de thématiques. Ce processus doit donner lieu à une dizaine de commandes d'études techniques (1 à 2 mois selon les spécificités de chaque sujet). Rappeler par la suite le groupe ayant déterminé les thématiques prioritaires pour décider des différents plans d'actions avec des échéances fermes.
5. La Tunisie et le monde: Constituer une délégation d'une dizaine de personnes - une sorte de comité suprême des relations internationales, rassemblant des compétences de différents domaines (économie et finance, santé, géopolitique, etc.) et disposant des qualités nécessaires (diplomatie, maîtrise des langues, etc.). Ce comité sera en charge de planifier un "tour du monde" en 3 mois afin de faire le point sur les rapports de la Tunisie avec chaque pays / région visité(e) et la promotion de la Tunisie et ce qu'elle peut apporter (prévoir un discours rodé et des objectifs visés en amont des différentes visites, pas de place à l'improvisation !). Un rapport doit en découler avec une vision factuelle du positionnement que la Tunisie peut avoir dans ce contexte de mondialisation et tensions économiques et politiques.
Vive la Tunisie !
Saber Trabelsi
Ingénieur Statisticien Économiste de l'ENSAE Paristech
Actuaire Certifié
Expert ERM (Entreprise Risk Management) - CERA (Chartered Enterprise Risk Actuary)
Consultant Senior Manager en Actuariat
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