Mustapha Kamel Nabli: Abdelwaheb Mahjoub, mon ami de toujours (Album Photos)
Après plus de quarante années d’amitié pure et profonde, tu nous quittes. Tu as laissé présentes en nous la légèreté de ta présence, la rapidité de ton esprit et la grandeur de ton âme. Petite consolation! . Pour moi tu as toujours été la quintessence de ce qu’est «être tunisien».
Tu as toujours été tellement attaché à ton pays, tu as toujours été possédé par ce qu’il est et par ce que tu voulais qu’il soit. Ô combien j’ai été ému de voir ton corps drapé dans les couleurs «rouge et blanc» du drapeau de ce pays que tu as tant aimé. Tu as travaillé sur les multiples aspects concernant la psychologie sociale en Tunisie. Un exemple a été le concept de «Qaddesh?» que tu as créé, avec un travail d’équipe inédit, et qui a marqué la campagne médiatique du Recensement général de la population en 1994. Un autre exemple a été le projet qui a consisté à mesurer et comprendre les «émotions» des Tunisiens après la révolution. Mais pendant ces dernières années, c’étaient tes émotions qui te guidaient et te possédaient, et que tu voulais comprendre. Tu vivais intensément, comme nous tous, les soubresauts, les douleurs et les souffrances, mais aussi les joies de ce pays ! Tu n’as cessé de t’impliquer et de chercher les moyens de contribuer et de «faire quelque chose», avec tes amis dans toute leur diversité. Pour ton pays tu voulais toujours «donner» et tu n’as jamais cherché à «prendre». C’est une Tunisie que tu voulais en paix avec elle-même, son histoire, sa culture et sa géographie ! Une Tunisie qui aspire au meilleur et qui mérite de l’avoir. Tu y as contribué par une activité sans relâche tous azimuts, dans les domaines de la science, de l’éducation, de l’engagement civique et la vie associative, de l’action culturelle, dans l’action politique, dans les médias, ou dans la vie familiale et dans les multiples cercles d’amis!
«Etre tunisien», c’est aussi être profondément attaché à son terroir. Tu l’as été comme personne d’autre, avec ton amour et ta consécration pour Tébourba, ta terre natale et celle de tes ancêtres. Non seulement tu ne pouvais vivre ailleurs que dans cette ville et cette région, mais tu étais attaché à son histoire, sa culture et sa géographie. Tu as été présent et actif dans la vie quotidienne, ainsi que la vie citoyenne et politique. Rien de plus éloquent que ton intérêt et les efforts consacrés pour comprendre, éduquer, préserver, développer et ancrer l’attachement à «l’olivier» ou à la «Majrada». Ton amour pour Tébourba n’est pas sectaire, ni exclusif. Tu étais aussi attaché à d’autres régions de ton pays, comme la Chebba, dont tu appréciais tellement la joie de vivre avec ses pêcheurs, sa mer et sa qualité de vie.
«Être tunisien», c’est aussi un ancrage profond dans ta famille et dans les valeurs familiales. Aussi bien ta petite famille que la grande trouvaient toujours en toi le sage, le conseil et le soutien. Tu étais aussi bien la référence, le rassembleur que le conciliateur. Tu voulais préserver les traditions, le respect des ancêtres, mais dans une dynamique de modernité et de changement. Tu étais autant le «chef de clan» respecté, que l’ami proche et le confident !
Cette « tunisianité » était ce qu’il y avait de plus noble en toi. Elle était toute générosité, partage, enracinement dans la profondeur de son histoire, amour de ses couleurs et de ses odeurs, amour des autres, savoir-vivre et bien vivre.
Pour ta famille, tes amis, tes étudiants, et tes collègues universitaires et chercheurs, tu étais le plus généreux. Avec les jeunes et avec les moins jeunes, avec les plus aisés comme les plus démunis, tu pouvais être aussi proche et aimable. Pour toute personne, la «connexion» avec toi était aussi facile que naturelle. Ton sens permanent et aigu de la boutade et de la dérision ont toujours constitué une source de joie de vivre et de bonheur, qui nous faisait toujours rire de nous-mêmes, et de cette vie éphémère. En Tunisie, en Belgique et ailleurs, tous ceux que je connais, parmi tes amis, tes collègues ou ta famille, ceux d’il y a quarante années comme ceux que tu as connus plus récemment et qui t’ont aimé continueront à vivre avec ton bon souvenir, mon ami de toujours.
Mustapha Kamel Nabli
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