Tunisie : Stratégie de compensation à mettre en place
Par Atef Hannachi - Nous assistons actuellement avec les exigences de FMI pour le financement du budget à la revue des subventions pour l’obtention des financements auprès du FMI.
Les subventions de la caisse générale de compensation (CGC), ont notamment progressé après la révolution de 2011 et ont contribué à l’aggravation du déficit budgétaire. En effet, elles se sont accrues d’environ 300% entre 2010 et 2013 passant de 1500 MD à 5514 MD. Il est à signaler qu’en 2013, les subventions totales peuvent être scindées en 2 grandes parties : la première (68%) était attribuée aux carburants et la seconde (32%) pour les produits de base et pour le transport. Les deux tiers des subventions étaient donc accordées à la consommation de l’énergie. L’augmentation de la subvention des carburants (de 550 MD en 2010 à près de 3800 MD en 2013) est attribuable principalement aux facteurs suivants:
• L’augmentation de la consommation plus particulièrement de la demande en gaz qui s’est multipliée par quatre depuis 1990 ;
• La baisse de la production de pétrole passant de 110 000 barils par jour en 1994 à seulement 66 000 barils par jour en 2012 ;
• La hausse de prix du baril passant de 97.44 $/baril à 108.63$/baril;
• La dépréciation du dinar par rapport au dollar- était l’équivalent de 1.4314 en 2010 et 2.2740 en novembre 2016.
D’après le projet du budget de l’Etat pour l’année 2021, les dépenses de subvention de l’Etat, pour l’exercice 2021, sont estimées à 3,401 milliards de dinars, soit 8,3% du total des dépenses du budget de l’Etat et 2,8% du PIB. Ces dépenses sont réparties entre les subventions des hydrocarbures et de l’électricité et le gaz (501 MD), les produits de base (2,4 milliards de dinars) et le transport public (600 MD).
L’Etat a commencé au cours de l’année 2021 à la réduction des subventions de l’Etat au titre de la compensation par la majoration des prix du carburant.
Cette augmentation n’a pas eu d’impact négatif sur l’inflation et ce pour les raisons suivantes:
• Les augmentations ont été réalisées post covid les entreprises sortant de période de basse d’activité n’ont pas d’intérêt d’augmenter les prix ;
• L’épargne des ménages se trouve à un niveau réduit et la demande par consommation n’a pas enregistré une augmentation par rapport à 2020
L’indice général des prix à la consommation familiale a enregistré, au cours du mois de décembre 2020, un accroissement de 0,3% par rapport au mois précédent, suite notamment à la hausse des prix des produits manufacturés (0,6% contre 0,3%) et, à moindre degré, des prix des services (0,2% contre 0%) contre une stagnation des prix des produits alimentaires (0% contre -0,5%). En termes de glissement annuel, une décélération des prix a été observée au cours des derniers mois de 2020 et le taux d’inflation s’est établi à 4,9% au mois de décembre, en nette baisse par rapport au même mois de 2019 et 2018 (soient 6,1% et 7,5%, respectivement). Cette détente est en grande partie attribuable à la décélération du rythme d’évolution des prix des produits alimentaires (4,3% contre 7,3%) et des prix des produits manufacturés (4,9% contre 7,7%). En revanche, les prix des services ont poursuivi leur hausse, passant de 4,6% en décembre 2019 à 5,3% durant le même mois de l’année 2020. Sur toute l’année 2020, l’inflation moyenne s’est établie à 5,6% contre 6,7% une année auparavant, et ce, suite au ralentissement des prix des produits alimentaires (4,7% contre 6,9%) et des produits manufacturés (6,5% contre 8,2%).
Néanmoins, une légère accélération a marqué le rythme d’évolution des prix des services (5,5% contre 5,1%). Par régime de fixation des prix, la décélération a concerné, principalement, les prix des produits libres (5,6% contre 7,4% en 2019), aussi bien les produits alimentaires (5% contre 7,8%) que non alimentaires (5,9% contre 7,2%). En revanche, les prix des produits non libres ont connu une certaine accélération en 2020, passant de 4,7% à 5,7%, d’une année à l’autre. Pour sa part, l’inflation sous-jacente s’est établie, en moyenne, à 5,6% en 2020 contre 7,2% au cours de l’année précédente.
Ce schéma relatif à l’inflation reflète que l’inflation n’a pas connu d’augmentation et ce essentiellement à la réduction du niveau de la demande par la consommation.
La problématique actuelle est que l’état a fixé la réduction des subventions de compensation sans ce fixer une stratégie et la mise en place d’outils pour cette réduction.
Cette orientation en masse aura un impact sur l’économie et ce notamment :
• Freiner la croissance par la réduction de la demande interne locomotive de la croissance actuelle avec les effets négatifs sur les échanges internationaux
• Augmenter dans le futur prévisible l’inflation par l’offre
Avant que l’effet néfaste sur l’économie de la réduction des subventions de compensation l’état a intérêt à mettre en place les outils pour la réduction de l’intervention de l’état en matière de subvention.
Ces outils peuvent être les suivants :
• Mettre en place les cartes à puce pour la consommation du carburant en corrélation avec le niveau du revenu;
• Distinguer entre consommation des investisseurs et consommation des ménages;
• Chercher des financements pour la compensation des produits de base au lieu de minorer les subventions vue leur symbole pour le peuple tunisien;
Atef Hannachi
Cabinet d’Expertise Atef Hannachi