Abdelaziz Annabi: A la mémoire de l’Ambassadeur Mhamed Essaafi
J'apprends à la lecture de "Leaders" la disparition de l'Ambassadeur M'hamed Essaafi qui était étroitement associé à l'Organisation des Nations Unies, qu'il a servie avec maestria, dans le sillage de ses mentors Mongi Slim et Taieb Slim, et de son condisciple Mahmoud Mestiri.
Mon frère Hédi avait commencé sa carrière au Secrétariat Général des Nations Unies auprès de Si M'hamed, alors Représentant du Secrétaire Général pour les questions humanitaires en Asie du Sud-Est. Hédi, comme beaucoup d’autres jeunes diplomates, lui était redevable de cette ouverture sur le monde qu’il n’aurait jamais connue sans son parrainage. Il m'avait présenté à son patron et mentor peu après son entrée en mars 1981 dans le système onusien, à mon passage dans la vénérable Organisation en septembre 1983, alors que j'effectuais une visite aux États-Unis en qualité de "Visiting Professor and Special Guest of the State Department", et comme neurologiste et médecin personnel du Président Bourguiba. Je garde un souvenir précis de mon introduction dans la grande salle de conférence où Si M'hamed était assis, en bras de chemise, seul, à son travail, au bout de l'imposante table oblongue qui s'étalait sans fin au milieu de la pièce.
Plus tard, Si Mhamed faisait appel à moi à Tunis pour statuer sur un diagnostic d'exception dans la pathologie du système nerveux, qui avait fait l'objet de plusieurs avis à l’étranger, concernant une personne proche. Il m'associait ainsi, au nom de la Tunisie, à un exercice qui avait auparavant sollicité d’autres collègues et plusieurs institutions dans divers pays. Je lui étais reconnaissant de cette confiance.
En juillet 2010, lors de la réception à Tunis de la "Médaille Dag Hammarskjold" décernée par l'Organisation des Nations Unies à Hédi Annabi, et qui m'a été remise à titre posthume à la mémoire de mon frère par Kamel Morjane, Ministre des Affaires Étrangères, à la clôture de la Conférence des Ambassadeurs, Si M'hamed, invité à la cérémonie, m'a fait part avec son éloquence mesurée légendaire, de son émotion après le message de remerciement que j'avais prononcé. Pour sa part, le Ministre, après avoir rendu hommage à Hédi devant les diplomates debout, s’adressait à leur doyen M'hamed Essafi, devant lui au premier rang, en un témoignage vibrant. Les mots qu'il avait prononcés ainsi que l'oraison poignante qu'il avait déjà rendue à Hédi au Jallaz le 23 janvier 2010, sont gravés dans les mémoires.
En écrivant ces lignes, il me vient à rêver en pensée que Si M'hamed rejoint ainsi Hédi dans le "repos éternel" là où l'hypocrisie des États, qui a meurtri les missionnaires de la Paix et de l'Humanitaire, n'a plus de poids ni de résonance.
Abdelaziz Annabi
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