Mohamed Larbi Bouguerra: Des vétos américains à la pelle au profit d’Israël, criminel de guerre
Envers et contre tous. Contre la Terre et l’Humanité entières, Joe Biden a opposé son veto vendredi à la motion émirati et au dramatique rappel de l’article 99 de la Charte de l’ONU fait par le Secrétaire Général de l’organisation, M. Antonio Guterres: «la situation met en danger le maintien de la paix et de la sécurité internationale.»
Premier veto depuis le début de l’agression sioniste terrestre sur Gaza et cinquième depuis le début des hostilités de l’Etat d’apartheid contre les Palestiniens. Biden s’oppose donc à un cessez le feu immédiat et à la libération des otages. Les enfants de Gaza continueront à mourir écrasés, démembrés sous les bombes fournies par l’oncle Joe à son protégé : Israël de l’occupation, de l’apartheid et de la destruction des maisons palestiniennes sur la tête de leurs propriétaires.
«Mazette» dit Biden pourtant lâché par les 15 membres du Conseil de Sécurité France, Chine, Russie et même la Grande Bretagne qui s’est abstenue en dépit des imposantes manifestations du peuple britannique en faveur de la Palestine, de Londres (300 000 manifestants à Whitehall!) à Glasgow et d’Edimbourg à Brighton.
Le Président américain, étant donné son grand âge et ses multiples gaffes (Godsave the queen!), aurait-il oublié que 41% de ses compatriotes n’approuvent pas son soutien à l’Etat d’apartheid? Non, à coup sûr, car il accorde, bon prince, 14 000 bombes antichars à Israël pour arroser d’hémoglobine la terre de Gaza déjà abreuvée du sang des innocents et des enfants. Pour lui, le Moyen-Orient doit rester une chasse gardée yankee qu’il faut défendre contre les menées des Chinois, des Russes et des BRICS. En somme, comme à l’époque Sykes-Picot, mais au profit des seuls Américains.
La forte ébullition qui secoue les universités américaines semble ne pas émouvoir non plus Joe Biden alors que les présidentes de trois prestigieuses universités de l’Ivy League: PennU, Harvard et MIT sont soumises à l’inquisition du Sénat qui prétend que les étudiants de ces Universités sont en faveur du «génocide des juifs» et qu’ils doivent être disciplinés. En fait, la majorité des étudiants est contre les bombardements massifs, incessants de l’armée sioniste contre des civils sans armes, femmes et enfants confondus à Gaza. C’est ainsi que le Pr Elisabeth Magill, présidente de l’Université de Pennsylvanie et juriste reconnue, a fini par présenter sa démission samedi 9 décembre 2023, sa réponse n’ayant pas plu aux sénateurs. De plus, elle était «coupable » d’avoir autorisé, malgré l’opposition des donateurs de l’Université, un colloque traitant sur son campus, en septembre, de la « littérature palestinienne».
Un cessez-le feu non dit?
L’ambassadeur d’Israël à l’ONU, Gilad Erdan, a bien évidemment remercié Biden après le vote de vendredi pour sa position ferme aux côtés de l’Occupant, mais les hauts responsables en Israël craignent que si une résolution similaire est adoptée dans quelques semaines, l’administration puisse agir différemment. Incertitude des alliances?!
Le cabinet de guerre présidé par le sinistre Netanyahou a été informé, ces derniers jours, des difficultés croissantes rencontrées par l’administration Biden concernant son soutien sans taches à Israël. Ces difficultés découlent non seulement de considérations politiques internes des États-Unis forte opposition au sein du parti démocrate- mais aussi de la position de plusieurs gouvernements du Moyen-Orient, qui ont exhorté l’administration à lutter pour un cessez-le-feu et à ne pas laisser les combats se poursuivre en 2024 et qui n’ont pas été entendus.
La vice-présidente des États-Unis, Kamala Harris, a participé la semaine dernière à la conférence internationale sur le climat COP 28 à Dubaï, où elle a rencontré les dirigeants des Émirats arabes unis, d’Égypte, de Jordanie et d’autres pays arabes et musulmans. Elle en a entendu des vertes et des pas mûres au sujet de la poursuite des combats à Gaza, les personnes présentes faisant remarquer que cela pourrait compromettre la stabilité des pays de la région.
En outre, des inquiétudes ont été exprimées quant à une guerre régionale plus large, qui entraînerait l’Iran et les États du Golfe, principalement en raison des attaques lancées par les rebelles houthis au Yémen contre des navires occidentaux au cours des deux dernières semaines.
Amir Tibon (Haaretz, 9 décembre 2023) écrit: «De hauts responsables israéliens disent aux journalistes israéliens et étrangers que les dirigeants arabes expriment des critiques publiques de la guerre à Gaza tout en exprimant dans des conversations privées l’espoir qu’Israël détruise le Hamas. L’administration Biden a une impression différente, estimant que le soutien arabe silencieux à la guerre d’Israël contre le Hamas s’est affaibli au cours des deux dernières semaines et que la plupart des gouvernements régionaux veulent un cessez-le-feu par souci de stabilité régionale. De son côté, le ministre saoudien des Affaires étrangères a déclaré au cours du week-end, en réponse aux affirmations d’Israël d’un tel double discours, qu’il y avait de fortes indications que l’administration Biden souhaite également un cessez-le-feu sans le dire publiquement.» On a beau être répressif en effet, l’opinion publique arabe ne peut être balayée sous le tapis. Son soutien sans faille au combat des Palestiniens, de Tunis à Oman, ne saurait être ignoré car il menacerait la stabilité des régimes en place, à Riyad et au Caire par exemple.
En attendant, les victimes palestiniennes continuent de tomber à Gaza où la vie sans eau, sans médicaments, sans électricité, confine à un enfer « made » à Washington et servi par Netanyahou, attaché au pouvoir pour échapper à la justice.
Mohamed Larbi Bouguerra