Edito - Jeunes tunisiens : Ecoutons-les, préservons-les !
Cette formidable jeunesse qui a vivement interagi avec le Nobel de chimie Moungi Bawendi nous envoie un message fort. Brillante, intelligente, elle cherche à réussir et ne veut pas se laisser envahir par le désespoir, ni être contrainte à l’émigration.
Filles et garçons, futurs ingénieurs, médecins et dans d’autres spécialités, ils évoquent leur parcours du combattant et s’interrogent tous sur leur avenir. Ils se sentent accablés par tant de contraintes, limités par des moyens réduits et des conditions difficiles dans leurs études, leurs stages et leurs recherches. Ils estiment leurs chances incertaines pour accéder au travail qu’ils ambitionnent d’exercer. Compétences avérées dans divers domaines parmi les plus pointus, avancées scientifiques, publications dans des revues indexées, plateformes intelligentes, brevets et inventions : leur palmarès est impressionnant.
Il suffit d’écouter ces jeunes pour les comprendre. Ils ont besoin qu’on leur prête attention, qu’on leur apporte des réponses convaincantes, qu’on les rassure, qu’on les encourage à aller de l’avant, à s’épanouir, à s’accomplir.
Cette fonction d’écoute, d’orientation et d’accompagnement dans leurs parcours est essentielle. A elle seule, la famille n’est plus en mesure de l’assumer. L’Université, dans sa globalité, comme les établissements de stages et de formation, sont confrontés à d’autres soucis qui leur paraissent plus urgents. Les structures sont lourdes et leurs démarches lentes. C’est aux enseignants et aux encadrants de prendre le relais et de s’y atteler.
Plus qu’inculquer le savoir, il s’agit d’aller avec ces jeunes vers la réussite et la réalisation de leurs rêves. Enseignants, directeurs de thèse et de stage, chefs de laboratoire dans les facultés et écoles spécialisées, chefs de service dans les hôpitaux, chefs d’entreprise et autres séniors ont une grande mission à leur charge. Celle de pousser cette jeunesse, de lui fournir les moyens et les conditions qui lui font défaut et de la mener vers l’excellence.
La réussite scientifique et académique peut commencer ici même en Tunisie. Le temps de capitaliser sur les connaissances, les essais et les expérimentations, le temps d’enregistrer de premiers résultats probants, puis le temps de se fixer des paliers supérieurs d’objectifs à atteindre : d’autres perspectives peuvent alors s’ouvrir.
Cela exige une vision innovante, une refonte de l’enseignement supérieur et des filières de formation, une modernisation des laboratoires, des crédits de recherche substantiels et un dispositif de stages et d’échanges internationaux plus développé.
Conduire vers la réussite est un devoir. L’échec n’est pas une fatalité. L’émigration n’est pas la première option à envisager. Le pays, si attachant par ses multiples richesses et beautés, offre des atouts inégalables par ailleurs.
Les jeunes peuvent envisager de partir un jour, en bien préparant leur départ et en gardant toujours ouverte la porte de leur retour. L’essentiel, c’est qu’ils réussissent dans ce qu’ils aiment faire, de vivre convenablement la vie qu’ils aiment vivre et de se sentir toujours rattachés à la mère patrie.
Une jeunesse instruite et épanouie est la sève de la nation. Son âme. Son avenir. S’en priver, c’est s’appauvrir. Sachons l’écouter, répondre à ses attentes, la préserver.
Aïd Mabrouk !
Taoufik Habaieb