Béchir Mahjoub présente ses mémoires : Ils ont déconstruit l’enseignement des mathématiques (Album photos)
Il n’a pas gardé sa langue dans sa poche. Connu pour sa franc-parler, Béchir Mahjoub y allé en toute sincérité en présentant vendredi à Al Kitab Mutuelleville, ses mémoires intitulées : « Des sardines de Mahdia à la passion des mathématiques » (Éditions Leaders). Devant un public très fourni, il reviendra sur son époque où « il n’y avait pas d’ascenseur social, mais une montagne à escalader à la force des poignets ». Racontant ses origines modestes de fils d’un « poilu » envoyé faire la guerre à Verdun (1916 – 1919), ses années au collège Sadiki, puis à Carnot et à Khaznadar, avant de pousser ses études supérieures jusqu’à la Sorbonne en doctorat, il ne manquera pas de confier des chances rencontrées et des injustices « rattrapées de justesse ».
La rigueur et la tendresse
Présentant l’œuvre et l’auteur, Yassine Brahim dira combien il lui est difficile de parler de celui qui avait guidé ses premiers pas vers les classes préparatoires en France, avant de devenir son beau-père. Il connaîtra l’homme rigoureux, puis le grand-père tendre et affectueux. « Ce livre est un récit très enrichissant et très inspirant », conclura-t-il en recommandant à tous de le lire pour « mieux connaître, au-delà de l’auteur, une génération de bâtisseurs de la Tunisie. »
Sous le feu roulant des questions
L’interaction avec le public sera animée. Sami Khouaja demandera à Béchir Mahjoub, si le Sadiki avait été en fait, plus qu’une École dispensant le savoir, un moule patriotique, et un foyer de prise de conscience des grandes idées modernistes innovantes. Il l’interrogera sur la contribution du professeur Mahmoud Messadi qui avait marqué des générations entières. Le Dr Hédi Ben Maiz, camarade de jeunesse et fils de poilu, lui aussi, son père ayant été envoyé à Verdun, rappellera comment le lycée Khaznadar, accueillant des élèves venant de toutes les régions, assurait un brassage national des générations montantes. De son côté, le Dr Faouzi Charfi soulignera la régression délibérée de l’enseignement des mathématiques et demandera à l’auteur s’il avait pu s’y opposer ? Un proche parent-taquin lui lancera: "Et l'Intelligece artificielle?"
Béchir Mahjoub, qui était fort ému, au début de la rencontre, a rapidement retrouvé sa verve. « Oui, Sadiki a été essentiel et Si Mahmoud Messadi, un véritable maître-à-penser qui, plus tard, n’avait pas bénéficié de tous les égards qu’il mérite. » Sur l’enseignement des maths et d’autres filières, déplorera non sans amertume une politique systématiquement menée : « On a fermé l’ENSET, l’École normale supérieure, démantelé des filières entières… Je le décris dans ce livre, et le rappelle en sonnette d’alarme. » Quant à l’intelligence artificielle, il ne semble pas y croire outre-mesure…
Une longue file se forme à la fin de la rencontre pour recueillir la dédicace de l’auteur. Béchir y prend un grand plaisir, reconnaissant des membres de la famille, des amis, des camarades d’école, et de simples lecteurs, gratifiant chacun d’aimables propos. «Votre livre me va droit au cœur, lui dira Mme Ben Zeineb. Je retrouve dans l’évocation de la ville de Mahdia, de ses quartiers, ses écoles, ses instituteurs, et ses figures emblématiques, une part de mon enfance, de moi-même. » D’autres lecteurs ont hâte à y plonger.
Des sardines de Mahdia, à la passion des mathématiques
De Béchir Mahjoub
Editions Leaders, 252 pages, 35 DT
En librairies et sur www.leadersbooks.com.tn