Ils font tout pour cacher le génocide à Gaza
Par Mohamed Larbi Bouguerra - Non content de déverser les milliards dans l’escarcelle de l’Etat sioniste et de l’armer – quasi gratuitement- avec tous les types d’engins de mort pour s’opposer à la résistance d’un peuple maintenu sous apartheid depuis 1948, la Chambre des Représentants à Washington vient de voter, le 27 juin, une motion bipartisane soutenue tant par les Républicains que par les Démocrates. Elle défend au Département d’Etat «de citer les chiffres de Palestiniens tués par Israël à Gaza». Votée par 269 voix contre 144, cette résolution doit maintenant être soumise au Sénat. Rachida Tlaib, représentante américano-palestinienne de l’Etat du Michigan, a déclaré, avant le scrutin : «Depuis 1948, des efforts coordonnés, spécialement dans cette Chambre pour déshumaniser les Palestiniens et les effacer de l’existence. Mes collègues veulent même interdire à nos propres officiels américains de citer les chiffres du nombre de morts palestiniens.» Elle a condamné ce vote dans lequel les observateurs voient une tentative de cacher l’ampleur de la dévastation subie par Gaza et le martyr des Gazaouis du fait de l’Etat sioniste et de son armée.
Quel terrible aveu!
Ce vote est un bien terrible aveu. On ne peut être plus clair: Israël est si rejeté, si condamné partout dans le monde pour ses massacres, ses bombardements guidés, ses camps de rétention, sa destruction des universités, des hôpitaux et la famine qu’il organise à Gaza. Les Représentants américains veulent donc balayer ces horreurs sous le tapis pour les soustraire aux yeux des consciences de la planète. Mais comment mettre sous le tapis 38 000 victimes palestiniennes de l’inouïe vengeance israélienne contre un peuple qui lutte pour son existence ? Auxquelles il faut ajouter les foules de blessés, d’amputés, de post traumatisés et les milliers d’enfants orphelins. (Lire Laure Stephan, in Le Monde, «A Gaza, plusieurs milliers d’orphelins isolés», 3 juillet 2024, p. 12).
Face à ce zèle étonnant pour protéger Israël de la vindicte et de la condamnation. Internationales, le non-Américain se demande, éberlué, quelles impérieuses raisons poussent ces parlementaires américains à soutenir aveuglément un Etat «quasi génocidaire» de l’avis même de la justice internationale?
L’APAIC, puissant lobby sioniste aux Etats Unis, régente la vie politique
Se présenter aux suffrages des citoyens aux Etats Unis, coûte énormément cher car il faut faire campagne et recourir obligatoirement à la télévision. Ce qui est fort onéreux. De grands lobbies peuvent mettre de grosses sommes pour faire gagner leurs poulains qui défendront les intérêts de ces donneurs dans les instances parlementaires américaines. Le New York Times du 20 juin donne un exemple frappant de cet état de chose dans le cas de l’AIPAC, (Comité Américain des Affaires publiques d’Israël), un puissant lobby sioniste aux Etats Unis. Il exerce son lobbying dans les milieux politiques depuis des décennies. Il cultive des liens étroits avec les présidents américains et des membres importants du Sénat et de la Chambre. Dans son viseur, il a surtout les Démocrates Progressistes. Son action a pris son essor quand la Cour Suprême a autorisé les groupes à dépenser sans limite tant qu’ils ne coordonnent pas avec les candidats.
Le grand quotidien américain titre: «L’AIPAC décaisse une somme record de 14,5 millions de dollars pour faire mordre la poussière à un candidat aux primaires démocrates, critique d’Israël.» Ce qui équivaut à une dépense de plus de 17 000 dollars par heure. Ce pactole est destiné à faire échouer la candidature à ces primaires du représentant Jamaal Bowman, un des plus virulents critiques d’Israël. Après le 7 Octobre, l’AIPAC l’a averti : «Modérez vos propos sinon vous allez faire face à un déluge d’attaques politiques.» Sinon… ce sont des boîtes à lettres remplies de libelles contre Bowman, des écrans de télé le vilipendant, des millions d’appels téléphoniques pour inciter à ne pas croire en ses discours et des attaques caustiques…. Mais jamais le nom d’Israël n’est cité.
M. Bowman, un proche du Président Biden, se présente ainsi: «Je suis un homme de couleur qui parle sans détour. Je suis un Noir et je suis franc et sincère. Je combats le génocide qui a lieu à Gaza et je me bats pour la justice ici [en Amérique].»
Il va de soi que M. Bowman est furieux d’être ainsi la cible des sionistes. Il balaie leurs viles attaques en affirmant que sa position opposée à la guerre menée par Israël contre les Gazaouis vient d’une conviction morale; ce qui n’est pas le cas de son challenger M. George Latimer, un suppôt d’Israël. Il appelle à un cessez-le-feu à Gaza, il accuse Israël de commettre un génocide et il milite pour un arrêt de l’aide militaire à l’Etat d’apartheid. Ce qui va très exactement à l’encontre de l’action de l’AIPAC. Celle-ci vise en particulier M. Bowman d’autant plus que sa circonscription électorale compte une grande population juive. Face à la somme astronomique mise en jeu par l’AIPAC, M. Bowman n’aligne que 4 millions de dollars pour sa campagne grâce au Parti des Familles Laborieuses et des Démocrates Pour la Justice.
La coûteuse charge de l’AIPAC contre M. Bowman est un échantillon des attaques similaires dont est coutumier le lobby sioniste américain. A la primaire démocrate d’août, à Saint Louis, le super PAC (Comité d’Action Politique) a dépensé 1,5 million pour sortir de la course le Représentant Cori Bush qui est un membre noir de «l’escouade» des gauches à la Chambre des Représentants. Le super PAC, dit AIPAC «travaille pour aider à élire des candidats qui partagent notre vision et seront de fervents partisans de la relation américano-israélienne au Congrès», selon son site Web. On ne peut être plus clair!
Le sénateur du Vermont Bernie Sanders – homme de gauche juif et antisioniste- fait campagne avec M. Bowman commente ainsi les menées de l’AIPAC: Vous tenez tête à des intérêts puissants, ils essaieront de vous détruire et d’ajouter: «Ils sont aujourd’hui à la primaire Démocrate, demain, ils seront à la primaire Républicaine, ils s’en moquent.» D’abord, servir les intérêts de l’Etat sioniste. Voilà le fin mot de l’histoire!
Un vieux cheval de retour…. revient à la politique…. en dénigrant la Palestine!
Andrew M. Cuomo, ancien gouverneur de New York, avait dû démissionner, en 2021, accusé d’écarts sexuels.
Mais voilà que le bonhomme veut revenir en politique.
Quel cheval enfourcher?
Une association non lucrative «Never Again, Now» (Plus Jamais, Maintenant) est lancée et dénommée «Les Progressistes Pour Israël» dont le but est de promouvoir une meilleure compréhension concernant la relation Israël- Etats Unis car affirme Cuomo «Nous sommes à un moment crucial de l’Histoire : «l’antisémitisme se répand de manière incontrôlée et le soutien d’Israël est en train de décroitre.»
Les manifestants propalestiniens notamment ceux des Universités de New York et particulièrement ceux de l’Université Columbia et le Hamas sont ses cibles prioritaires qu’il dénonce par des spots publicitaires à la télévision et Dieu sait si ce type de spots est cher à New York. M. Cuomo s’étrangle que l’on puisse dire que l’Etat d’apartheid tue des civils.
Publicité à la télévision aidant, il dévoile ses intentions:
1- Dire la vérité sur le Hamas et sur le 7 Octobre- en n’hésitant pas à raconter en réalité des sornettes
2- Le spot (visible sur les réseaux de télé câblés dès le 4 juillet) veut rappeler aux gens qu’Israël est la victime.
Ainsi va la vie politique aux Etats Unis que certains jugent gangrenée par l’argent. (The New York Times, 20 juin 2024).
Il est vrai que les Etats Unis ne sont pas seuls dans le déni. L’Allemagne exige maintenant la reconnaissance de l’existence de l’Etat d’Israël pour obtenir la nationalité allemande. En France, dès le 7 Octobre, le ministre de la Justice, Eric Dupont-Moretti dans un document de trois pages demande aux procureurs une «réponse pénale ferme et rapide» face aux «propos vantant les attaques, en les présentant comme une légitime résistance à Israël» comme la «diffusion publique de messages incitant à porter un jugement favorable sur le Hamas..» De son côté, le ministre de l’Intérieur, Gérald Moussa Darmanin a interdit manifestations, et meetings contre la guerre menée par Israël ainsi que celles pour le droit des Palestiniens. Comment on est loin de l’époque où François Mitterrand recevait Yasser Arafat et que son ministre des Affaires Etrangères, Roland Dumas, affirmait à la cantonade qu’il ne portait pas dans son cœur Israël dont il dénonçait «l’esprit théocratique des institutions.»
Mais cacher le génocide à Gaza : mission impossible. Le monde – l’ONU- en est pleinement conscient de l’Afrique du Sud à l’Irlande et de la Barbade à la Suède.
Mohamed Larbi Bouguerra
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