Le retour de Donald Trump
Par Amina Laouani - Donald Trump a remporté une victoire décisive contre Kamala Harris le 5 novembre. Il a gagné à la fois le collège électoral et le vote populaire, détruisant au passage le soi-disant "mur bleu" en remportant tous les États clés convoités: le Wisconsin, le Michigan et la Pennsylvanie.
Le résultat ne pouvait pas être plus brutal pour les démocrates, qui pensaient avoir une chance en Caroline du Nord ou en Géorgie, des États traditionnellement conservateurs. Ils ont fini par perdre tous les États clés ainsi que la Chambre des représentants et le Sénat.
Les démocrates ne doivent s’en prendre qu’à eux-. Ils ont commencé le cycle électoral avec un candidat vieillissant, dont les signes de sénilité étaient déjà visibles depuis un certain temps. Malgré cela, il s’est présenté pour un second mandat, ignorant les avertissements de certains démocrates et refusant d'organiser une nouvelle primaire jusqu’au fameux débat du 27 juin.
Les donateurs démocrates ont clairement fait savoir qu'ils ne soutiendraient pas la candidature de Biden. L'élite démocrate a pris les mesures nécessaires: Biden s'est retiré, et Harris est devenue la candidate du Parti démocrate.
Était-elle le bon choix ? Je ne le pense pas. Largement inconnue du grand public, elle n’a pas rempli son rôle de vice-présidente. Mais une convention ouverte aurait rendu la procédure longue, incertaine et aurait laissé moins de temps pour faire campagne. Harris était le choix le plus simple.
Alors que les trois principales préoccupations des Américains sont l'économie, l'immigration et la démocratie; la campagne de Harris s'est principalement concentrée sur cette dernière. Elle a également mis l'accent sur l'avortement et les droits reproductifs des femmes. Il convient de rappeler que ce sont les démocrates qui ont raté l'opportunité de nommer un juge à la Cour suprême lors des derniers jours de l'administration Obama pour remplacer Antonin Scalia; ouvrant ainsi la voie aux républicains pour nommer un juge conservateur supplémentaire. La cour suprême a donc basculé du côté conservateur, ouvrant la voie à l'annulation de l'arrêt Roe v. Wade. Une erreur majeure de la part des démocrates.
La campagne de Trump s'est concentrée sur les frontières ouvertes de l'Amérique et l'économie. L'inflation et la flambée des prix des denrées alimentaires et des produits de base ont été déterminantes dans le choix des électeurs. Sur le plan macroéconomique, l'économie semblait solide, avec une croissance du PIB et un marché de l'emploi favorable. Cependant, ces indicateurs positifs ne se sont pas traduits dans la vie quotidienne des Américains : les prix de la nourriture, du carburant et les taux d'intérêt sur les cartes de crédit et les prêts immobiliers ont augmenté!
L'autre facteur de la victoire de Trump est la frontière ouverte
Combien de travailleurs sans papiers se trouvent aux États-Unis? Personne ne le sait exactement. On entend des chiffres allant de 10 à 20 millions d'immigrants illégaux. Ces chiffres et le chaos à la frontière ont effrayé la base Maga de Donald Trump, les poussant massivement à voter le jour de l'élection.
Et ensuite?
Nous ne savons pas vraiment à quoi ressemblera le second mandat de Donald Trump. Cependant, nous pouvons déjà entrevoir les contours de ce second mandat à travers les personnes choisies pour composer son cabinet. Contrairement à son début chaotique lors de son premier mandat, cette fois-ci, Donald Trump a commencé très tôt à poser les bases de son administration.
Sur le plan intérieur, Tom Homan, ancien directeur de l'Immigration et des Douanes (ICE) et surnommé "le tsar des frontières", supervisera les expulsions massives d'immigrants illégaux.
La nomination de Matt Gaetz au poste de Procureur Général a fait tourner les têtes au Capitol, y compris parmi les républicains. Gaetz fait l'objet d'une enquête en cours pour trafic sexuel avec une mineure et usage de drogues.
Sur le plan de la politique étrangère, l’avenir s’annonce sombre pour les Palestiniens. Mike Huckabee, ancien pasteur et conservateur de la droite chrétienne, a été nommé ambassadeur en Israël. Huckabee ne croit même pas à l’existence du peuple palestinien. Pour lui, la Cisjordanie est la Judée- Samarie et revient de droit au peuple d’Israël. La nomination de Pete Hegseth au poste de secrétaire à la Défense n’envoie pas le bon signal à Téhéran. Il avait déjà appelé Trump à bombarder le territoire iranien, y compris des sites culturels. Nommé au Département d’Etat, Marco Rubio un autre faucon de l’administration Trump, est partisan de la ligne dure contre la Chine e l’Iran. Il appelle néanmoins à la fin de la guerre en Ukraine qui se trouve selon lui dans une impasse.
D'un autre côté, Tulsi Gabbard a été choisie comme directrice du renseignement national. Ancienne démocrate, elle est prête à défier l'establishment et a une aversion pour la propagande belliciste.
Reste que toutes ces personnes doivent être confirmées par le Sénat.
Malgré une administration fortement dominée par des faucons, Trump, doit naviguer entre les néoconservateurs de son parti et sa base MAGA, nationaliste, qui souhaite que l'argent du contribuable soit investi aux États-Unis et non dans des guerres inutiles qui ne leur profitent pas. Lui- même a fait campagne sur le thème «Peace through strength» se targuant que lors de son premier mandat il n’y a pas eu de guerres.
Ce second mandat de Donald Trump sera certainement intéressant à observer!
Amina Laouani