Moncef Neffati, l'ascension d'un natif d'Ouled Ammar à Sydney.
Saviez-vous que Giallo Taxi, la deuxième plus grande société de taxis à Sydney, après Yellow Taxi, est propriété d’un Tunisien, Moncef Neffati, président de l’association tuniso-australienne ? Portrait et projets d’un homme qui veut maintenant se mettre au service de la promotion de son pays.
Originaire d’Ouled Ammar, petite localité du côté d’Enfidha, Moncef Neffati est parti voilà 24 ans à l’aventure en Australie après quelques années à Tunis où il exercera plusieurs petits boulots. Mais nous étions en 1986 et les perspectives d’avenir pour un jeune tunisien, qui n’avait pas eu la chance de poursuivre des études, étaient bien réduites. C’est donc vers cet immense pays-continent peu connu qu’il se dirige, un grand saut dans l’inconnu. Il y passera douze années sans revoir les terres de son pays natal. « Je ne parlais pas un seul mot d’anglais à mon arrivée à Sdyney, raconte-t-il. J’ai donc commencé par le bas de l’échelle comme kitchen hand dans un restaurant. Deux ans après, j’étais parfaitement intégré et le fait d’habiter dans une famille australienne, auprès de qui je louais une chambre, m’a beaucoup aidé ».
Avec la maîtrise de la langue, Moncef quitte les cuisines du restaurant et devient chauffeur de taxi. Se plaisant dans ce métier où il découvre le cosmopolitisme de son pays d’accueil à travers les clients qui se suivent et ne ressemblent pas, il se met à son propre compte et achète un taxi. En le revendant après quelques années, Moncef est surpris d’en retirer une plus-value ce qui l’amène à renouveler l’expérience plusieurs fois. Un jour, il fait une grosse affaire en achetant huit taxis à la fois et décide de les garder pour en faire une société avec un atelier de mécanique, une station de lavage, etc.
De chauffeur de taxi, Moncef Neffati se transforme alors en gérant de Société et il veillera au développement progressif de son projet et à la diversification de ses activités, en s’orientant vers la promotion immobilière. Ses allées et venues vers la Tunisie se feront aussi plus fréquentes et il investira, là aussi, dans l’immobilier et l’agriculture. « Je prépare ma retraite, dit-il ». Ses trois enfants, Aïcha qui vient d’avoir son Bac, Mustapha, futur pilote de ligne et Wassim, amateur d’animaux de la ferme, sont également des amoureux du pays de leurs origines où ils passent toutes leurs vacances.
Quant à l’association des Tunisiens en Australie, une communauté qui compte à peu près 500 personnes, elle vient d’être créée à la fin de l’année 2010 et, actualité oblige, l’une de ses premières actions aura été une collecte au profit de la mère de Mohamed Bouazizi, Manoubia. « Le soir du 13 janvier 2011, nous étions un groupe de Tunisiens en effervescence à suivre le discours de Ben Ali et nous avons compris à son attitude désorientée que c’était fini ». Soulagement et fierté parmi les membres de cette communauté dont plusieurs ont eu à souffrir des immixtions et des lourdeurs de l’ancien système politique tunisien à chaque fois qu’ils avaient voulu investir en Tunisie.
Moncef Neffati souhaite actuellement surfer sur la vague de sympathie dont bénéficie actuellement la Tunisie partout dans le monde pour ouvrir une sorte de House of Tunisia à Sydney avec restaurant tunisien-méditerranéen, vente de produits tunisiens artisanaux et du terroir, etc. Un concept qui peut faire des émules en ces temps où la marque Tunisia est devenue, en l’espace de quelques jours, mondiale.
Anissa BEN HASSINE