News - 21.03.2011

Utica entre consensus et scénarios de partition: Qui sont les 21 nouveaux patrons des patrons ?

Le conseil national de l’Utica, réuni samedi 19 mars 2011 a-t-il tenu toutes ses promesses ? Oui, répond sans doute, Hammadi Ben Sédrine qui s’est bien arrangé pour se faire désigner à la tête d’un comité provisoire devant présider aux destinées de la centrale patronale, jusqu’au prochain congrès prévu en juin 2011 et éviter la constitution de commissions autonomes échappant à sa supervision. Pas tout-à-fait, estiment nombre d’autres dirigeants, notamment parmi les moins jeunes, impatients de réformer en profondeur l’organisation. Formé de 20 membres + la réprésentante des Femmes Chefs d'Entreprise, à raison de 5 représentants de chaque nouveau collège pris en compte, le comité doit expédier les affaires courantes et préparer le congrès. Faute de consensus, les risques de partition de l’Utica deviendraient inéluctables . Retour sur les faits.

Deux initiatives issues des adhérents s’organisent pour sortir la centrale patronale de sa léthargie et la remettre en selle. La première a pris la dénomination de « Mouvement pour le renouveau de l’Utica » et la seconde « Sauvons l’Utica ». Les différentes négociations menées entre le bureau exécutif et notamment le mouvement pour le renouveau de l’Utica, devaient aboutir, à travers la feuille de route convenue, à la mise en place de 6 commissions autonomes et l’annulation des élections effectuées avant le 14 janvier pour le renouvellement des structures régionales de l’Utica. Fort de cet accord, les représentants de ce mouvement, dont l’un de ses initiateurs, Kais Sellami, a été coopté par le conseil de l'instance supérieure pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique, espérait donc passer à l’action, à la faveur de la tenue du Conseil national.

Changements de dernière minute

Première surprise rapportée à Leaders par un participant, le changement du lieu de la réunion. Un sit-in au siège de l’Utica, Cité El Khadhra, aurait été à l'origine du transfert dans un hôtel de la banlieue Nord, à moins qu’il ne s’agisse d’un autre motif inexpliqué.

Deuxième surprise, le changement de l’ordre du jour, s'agissant,notamment des commissions à créer et de l’annulation des élections.

Les travaux ont porté sur l’examen d’un rapport financier présenté par l’expert comptable, M. Mabrouk Ayari, portant sur la période allant jusqu’au 31 décembre 2010. L’audit effectué n’a révélé selon le rapport aucun dépassement particulier, signalant notamment que ni le président démissionnaire, Hédi Djilani, ni aucun membre du Bureau exécutif, n’avaient bénéficié d’une indemnité ou d’un avantage financier.

Les débats devaient s’étendre sur la situation actuelle de l’Utica, les défis auxquels elle fait face et l’impératif du renouveau qu’elle doit réussir afin qu’elle puisse jouer pleinement son rôle dans la nouvelle Tunisie. « C’est ainsi qu’une idée est née « spontanément » proposant de mettre en place un comité provisoire pour diriger la centrale en remplacement du bureau exécutif, poursuit la même source.»

Equilibre précaire?

«Une proposition sur la composition de ce comité a été faite dans la précipitation et presque à la fin de la séance, ajoute-t-elle, mettant les présents devant un fait accompli créant une situation de quasi désordre. La composition proposée de 5 membres de l’ancien BE, de 5 représentants de fédérations, de 5 représentants des unions régionales et de 5 personnes du mouvement du renouveau de l’UTICA pouvait être perçue comme réformatrice, si la liste présentée par M. Kais Sallemi au nom du mouvement du renouveau n’a pas été refusée sans explication, par Hammadi Ben Sedrine. Est-ce parce que ces personnes ne sont pas membres du conseil national et ne lui sont pas obligées ? Ou parce qu’elles véhiculent les valeurs réformatrices pour lesquelles le mouvement du renouveau a été admis au sein de l'Instance supérieure pour la réalisation des objectifs de la révolution ?»

Le Conseil national, bien qu’il semble aboutir sinon à un consensus, du moins, à un accord a minima, a abouti à un équilibre précaire qui risque de compromettre les chances d’une véritable relance. Cela est d’autant plus significatif que des appels à une partition de l’Utica en différentes organisations professionnelles spécifiques, notamment une pour les commerçants et petits métiers, une deuxième pour l’industrie et une troisième pour les services, se font de plus en plus pressants. Faute d’un consensus au sein de l’Utica, c’est ce scénario qui semble avoir le plus de chances de se réaliser.

Composition du comité provisoire de l’Utica

Présidents de Fédérations