Taoufik Habaieb: Sans l’appui de l’Ugtt, point de salut
Avancée à début août, la rentrée politique replonge la Tunisie dans la rituelle fébrilité des négociations pour la composition du nouveau gouvernement. Désigné à la Kasbah, Youssef Chahed, le plus jeune chef de gouvernement depuis l’indépendance, est tenu d’incarner l’ambition de sa génération, l’espoir des Tunisiens et de répondre à leurs importantes et urgentes attentes qui n’ont que trop duré. Le premier examen sera celui de la composition de son gouvernement.
Les délais sont courts: quelques jours seulement lui sont accordés pour faire face aux appétits démesurés, réussir les équilibres et choisir l’équipe de choc qu’exige une situation de plus en plus difficile. S’il a accepté de relever ce défi titanesque, Youssef Chahed n’ignore rien de ce qui l’attend. Des menaces sécuritaires encore persistantes, une croissance revue à la baisse, en espérant se situer à 1.8%, un déficit budgétaire obéré davantage de 1 milliard de dinars pour se porter à pas moins de 7.6 milliards de dinars, une grande dérive des finances publiques et d’autres risques peu évalués à leur juste valeur dans nombre de grandes entreprises publiques.
Un autre motif de grande inquiétude, mais souvent occulté, la dégradation accélérée de l’environnement, avec une défaillance totale dans les systèmes de collecte des déchets et de leur traitement, la pollution atmosphérique, les déversements non contrôlés dans la mer, l’érosion des sols et les atteintes au littoral, le raclage des fonds marins et la déforestation...
Sans oublier l’ankylose de l’administration publique, plombée par des recrutements massifs et inopérants sous la Troïka, privée de ses meilleurs éléments partis à la retraite ou séduits par le secteur privé. Faire redémarrer la machine et lui imprimer la modernisation et l’efficience nécessaires ne sera pas facile. Mais, c’est le front social qui est sans doute le plus brûlant. Le budget de l’Etat pourra-t-il supporter les 2.2 milliards de dinars d’augmentations salariales promis à la fonction publique en 2017 ? Encore plus, pourra-t-il supporter l’impact de la reclassification professionnelle des agents publics selon leurs diplômes ? Le secteur privé est-il en mesure de consentir de nouvelles augmentations salariales? Les revendications sociales sont fortes et pressantes. En face, la capacité d’y répondre est bien mince.
Quel rôle jouera alors l’Ugtt ? Sa force de mobilisation est déterminante. Tout est là.
Sans trêve sociale, un soutien de la centrale syndicale, il n’est point de salut. L’initiative lancée par Béji Caïd Essebsi ne visait en fait que l’implication de la centrale ouvrière dans l’action gouvernementale. N’y étant pas parvenu, il s’est replié sur une adhésion de l’Ugtt à un programme de gouvernement d’union nationale. Livret de bonnes intentions, sans priorités précises, échéances fixes et indicateurs de performances clairs, l’Accord de Carthage, endossé par 3 organisations et 9 partis, n’en constitue pas moins une bonne plateforme de départ pour Youssef Chahed et son équipe. Il lui appartient en effet de le traduire en programme d’action. Mais sa tâche ne sera guère aisée.
Mais ce dont il ne pourrait pas se passer, c’est une véritable alliance politique soudée, cimentée par un appui effectif de l’Ugtt, une confiance systématique de l’Assemblée des représentants du peuple et une mobilisation soutenue de la société civile pour défendre l’intérêt national et cultiver les valeurs du travail, de l’effort et de l’excellence. Remettre la Tunisie et les Tunisiens sur cette voie salutaire est plus qu’indispensable. La vigilance citoyenne doit s’exercer sur le
respect de la loi.
Le plus grand défi sera, somme toute, d’instaurer l’Etat de droit et de le faire respecter. Partout, à tous les niveaux. Sans concession, ni compromission, avec tout le génie politique nécessaire.
La feuille de route de Youssef Chahed est toute tracée.
Taoufik Habaieb
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De quelle UGTT parlez-vous?L'actuelle ou celle qui sortira du prochain congrès?Il est temps que l'UGTT retourne aux valeurs défendues par Hached qui intègrent l'intérêt national dans sa démarche. L'UGTT actuelle porte une très lourde responsabilité devant l'histoire dans le marasme dans lequel vit le pays.Qu'elle s'inspire des mouvements syndicaux étrangers ( à l'exception des français) dont l'action ne se limite pas aux revendications salariales mais participent activement au développement de l'entreprise pouvant inclure même des baisses de salaires!
Notre FARHAT, levez vous, la TUNISIE a besoin de vous. Lavenir de notre chére TUNISIE dépend largement de la maniére de la gouvetnance de votre UGTT, et de sa future politique à mener aprés son proche congrés. Actuellement et à cette période si difficile et si agitée,notre nation a besoin de ressusuciter un certain dirigeant au charisme de notre valeureux martyr FARHAT HACHED , de son intégrité, de sa transparence, de sa modestie, de son rayonnement , et surtout de sa compétence pour pouvoir négocier et collaborer avec les différents décideurs politiques et investisseurs nationaux et étrangers dans l'intérét et la prospérité du pays et pour le bien étre du citoyen