Les «Lapsus» qui font monter la température au cours d’une saison qui a enregistré tous les records en la matière
Vous avez bien voulu publier dans votre journal en ligne et dans la rubrique opinion, relative à un article de fond paru le 29-08-2019 et intitulé «la guerre des mots est-elle en mesure de soigner nos maux?» dans lequel je soulève le cas d’un citoyen de 65 ans qui a été injustement emprisonné en 2017 suite à une plainte de son locataire et ce, la veille d’une fête religieuse sacrée en précisant qu’il s’agit là, d’un cas d’instrumentalisation de la justice par l’ exécutif et cela en l’absence d’une quelconque réaction officielle.
1) Le «Lapsus révélateur» et son éventuel lien avec l’affaire citée ci- dessus
Dans l’intervalle, une déclaration d’un responsable d’un parti au pouvoir nouvellement créé, a attiré l’attention de bon nombre d’entre nous dans la mesure où ce dernier a laissé entendre dans le cadre de la campagne électorale de son candidat à l’élection Présidentielle que, « pour combattre une mafia, il fallait en créer une autre… »et aussitôt corrigé en se rattrapant et en l’attribuant à un Lapsus.
Si je n’ai aucune raison de mettre en doute la sincérité de l’orateur, je me dois d’apporter un témoignage qui montre que dans ce parti cette affirmation n’est pas à exclure puisqu’un de ses membres, que j’ai rencontré dernièrement et de manière inopinée au Palais de Carthage et que j’avais interpellé au sujet de la contestation dont il a fait l’objet au sein de son parti dès lors qu’il a été désignétête de liste dans le cadre des élections législatives et ce dernier de me répondre, en décrivant ses adversaires en tant que « mafias » ayant investi le parti !
Reste maintenant la question de savoir si notre orateur pensait à des rouages liés au pouvoir exécutif en s’excusant pour son Lapsus. De ce point de vue, il s’agirait d’un « Lapsus révélateur » que Freud évoque en insistant sur le fait que « leur analyse fait partie de la psychanalyse car, au même titre que les rêves, elle apporte des informations précieuses sur l’inconscient des personnes ».
De ce point de vue et en toute logique, il devient légitime de se demander si la fréquentation de certains rouages de l’exécutif, entre autre impliqués dans l’affaire cités ci-dessus, ne reflète-t-il pas cet« inconscient » ?
Dans le cas d’espèce, et au vu de la parution ce jour sur un journal de la place d’une de mes citations de mon article du 23 traitant de l’affaire ci-dessus cité, et au vu de la manière avec laquelle j’ai été présenté, je tiens à rajouter ma qualité en tant que membre du conseil de l’Instance Nationale de la lutte contre la corruption depuis 2013 et suite à cela, je me dois de rappeler l’allusion faite par le Ministre des Terres domaniales de l’époque, qui avait présenté cet abus comme une solidarité manifesté par une sorte de Lobby Clubiste (Club Africain) au plaignant enfant de ce club. Cette justification m’avait semblé à l’époque secondaire même après avoir constaté, avec beaucoup de regret, le comportement du Président de l’Instance dans cette affaire.
Je dis cela en toute objectivité, au vu du respect que je voue à plusieurs dirigeants de ce club et à ce titre, il me plait de rappeler que mon oncle Feu Belhassen Ben Chadly ancien arbitre de football et natif de Bab El Fella quartier voisin d’El Morkadha joué un rôle de pionnier dans l’édification de ce club. Aussi, je ne peux m’empêcher de rappeler qu’il a été membre fondateur de la « Rachidia »et auteur de plusieurs chansons dont la plus populaire dédiée à sa défunte femme « Ya oum la3wina ezzargua » en allusion à la couleur de ses yeux. Que Dieu ait leurs âmes.
2) Le Lapsus «volontaire» pour définir «un Etat fort»
Prononcé dernièrement par un candidat aux élections Présidentielles et chef du gouvernement en vacances, cette phrase « Il ne faut pas avoir peur de la mise en place d’un Etat fort », a soulevé des vagues dans l’opinion publique tant elle donne froid au dos et ne peut satisfaire que les nostalgiques de l’Etat autoritaire.
En réalité, il fallait parler d’un Etat de droit avec tout ce qui s’en suit ce qu’aucun citoyen responsable ne peut craindre.
« Ce Lapsus volontaire » découle à mon humble avis du fait que l’orateur s’il l’avait prononcé ainsi, aurait été obligé de reconnaitre, du moins implicitement, les défaillances actuelles qui sont nombreuses dans ce domaine, et dont certaines ne peuvent qu’être imputées au pouvoir en place qui sera de ce fait, amené à les assumer et ce qui est inenvisageable à l’heure actuelle.
Ainsi, il ne nous reste qu’à dire aux nostalgiques de l’autoritarisme maquillé et aux adeptes des Lapsus révélateurs, devenus nombreux aujourd’hui, que le Tunisien est loin d’être dupe et qu’il saura leur faire face.
3) Conclusion
Aussi en tant qu’ancien activiste estudiantin et de l’UGET, ancien représentant des étudiants de la Faculté des sciences de Tunis, ancien syndicaliste, ancien responsable sportif d’un club aussi prestigieux que la Zitouna Sport (que j’ai eu l’honneur de présider pendant sept ans et dans une période difficile), en ma qualité de défenseur de droits humains économiques et sociaux (ayant présidé l’association Réseau National Anti-corruption qui a entre autre été membre fondateur d’autres associations) et enfin en ma qualité de membre de la Haute Instance de la récupération des biens spoliés et du conseil de l’Instance Nationale de la lutte contre la corruption, je ne peux qu’être choqué par autant de désinvolture pour ne dire que cela.
D’autant que durant mon parcours, je ne me suis jamais affilié à un quelconque parti politique mais en étant en relation avec certains d’entre eux pour les accompagner dans leur combat pour les libertés et la seule fois ou j’ai fait exception à cette règle cela a été de répondre positivement à la demande de notre sœur la grande Feue Maya Jéribi (que Dieu ait son âme) en acceptant de figurer dans une liste qu’elle conduisait dans des élections législatives mais en ma qualité d’indépendant et que le régime autoritaire déchu, n’a pas toléré en la rejetant.
Tout en approuvant la déclaration du Président de la République par intérim qui a fait l’amer constat « que certains de nos politiques cherchent le pouvoir plutôt que de servir l’Etat, je m’adresserais aux nouveaux venu(e)s en politique (que j’encourage de toutes mes forces) en leur disant:
Hâtez- vous lentement et surement tout en respectant la mémoire de nos morts qui ont servi l’Etat de la manière la plus fidèle et de nos martyrs qui se sont sacrifiés pour le bien du Pays (que Dieu ait leurs âmes), vous n’en sortirez que grandi(e)s et votre combat ne sera que plus sain.
C’est l’unique occasion de se démarquer de celles et de ceux qui se comportent comme des «toupies » et qui n’éprouvent aucune gêne de se contredireou de se désavouer en jouant sans foi ni loi sur l’amnésie des autres et en déformant la réalité tout en s’enfermant dans les dénis les plus insensés et les plus ridicules. A défaut, l’avenir nous réservera des surprises difficiles à surmonter et surtout que l’on cesse de clamer qu’il n’y a pas de morale en politique et de s’étonner que la corruption a augmenté du fait qu’elle est entretenue par une « mafia » politique qui aurait investi les différents pouvoirs et partis politiques et ce, en se référant aux déclarations de certains candidats à telle enseigne qu’un de mes amis a fait un malheureux lapsus qu’il a aussitôt corrigé en traduisant le sigle de l’ARP en Français par le terme malheureux de Assemblée des Renégats du Peuple.
Aujourd’hui, le Pays a besoin de retrouver une certaine sérénité et cela ne peut avoir lieu sans avoir ouvert comme il se doit un certain nombre de dossiers afin d’établir la vérité et en tirer les conséquences les plus utiles pour aller de l’avant et construire comme il se doit un Etat avant-gardiste qui préserve et consolide les droits économiques et sociaux et ainsi, barrer la route aux forces réactionnaires dont l’appétit pour l’argent (surtout celui des autres) n’est plus à démontrer au vu de certains abus constatés et que certains n’ont pas manqué de qualifier de crimes d’Etat. Un grand Bravo pour cette jeunesse dynamique qui a su donner un autre élan à la société civile.
Mobilisons-nous donc et allons voter en masse et cela en notre âme et conscience car l’histoire ne pardonne pas. A bon entendeur, salut
Taoufik Chamari
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