Hédi Béhi: J'y suis, j'y reste
C'est un truisme que de dire que l'homme politique tunisien aime le pouvoir. Nous sommes ce que Stuart Mill, le philosophe et économiste britannique du XIXe siècle, a appelé «un peuple de coureurs de places, un peuple où la politique est déterminée principalement par la course aux places». C'est le crédo de l'homme politique tunisien, toutes tendances confondues l'unique objet de son désir. Dès qu’il a goûté aux honneurs qu’il procure, il ne veut plus le lâcher. J'y suis, j'y reste. Avec le temps, il ne s'imagine plus en homme ordinaire. Le pouvoir devient sa raison d'être. C'est pourquoi une défaite aux élections est un véritable drame pour lui et il n'aura de cesse de le récupérer. Le cas échéant, il essaiera de le transmettre à sa descendance. Les exemples ne manquent pas : Bourguiba, Caïd Essebsi, Ben Ali, Kadhafi ont eu des tentations dynastiques.
ll y a quelques décennies déjà, l’ancien doyen de la faculté de Droit d’Aix en Provence, Charles Debbasch qui connaissait bien la Tunisie pour y être né avait expliqué que les mouvements de protestation des jeunes engagés sous la bannière de la défense des libertés étaient avant tout l’expression d’une volonté de chasser ceux qui sont au pouvoir pour prendre leur place quitte à devenir, une fois qu’ils y sont, les partisans les plus sûrs de l’autoritarisme. A croire que cet attachement au pouvoir est un élément constitutif de notre ADN.
Ecoutons encore Stuart Mill : «Il y a des peuples où la passion de gouverner autrui surpasse tellement le désir de l’indépendance personnelle que les hommes sacrifieront volontiers la substance de la liberté à la simple apparence du pouvoir».
Hédi Béhi
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...G.Freud écrivit : "En tout homme dort un Roi"! Et s'il tombait dans le lit d'une "Reine",il ferait de ses assujettis un troupeau de moutons...M. El Hedi, au nom de la liberté d'expression ,vous auriez pu appeler un chat un chat.
Excellent article bien documenté. Je viens de découvrir un journaliste de premier plan, d'une lignée en voie d'extinction. Bravo et bonne continuation.
Pourquoi nous oublions la citation de notre Ibn Khaldoun... Un Arabe veut être roi même sur une pierre... Excusez ma traduction...العربي يؤسد الامارة حتى على الحجارة... En dépouillant dans notre histoire Arabo-Musulmane, on découvre combien de millions d'individus, souvent des proches, ont été assassinés et égorgés en raison de la course au pouvoir... Il faut avouer que ces crimes n'auraient pas été subis ou commis si les auteurs croient vraiment à Dieu, au Coran et à l'Islam... Je ne crois jamais à un homme ou une femme de bonne foi se permette à tuer un être humain, ou le violer ou l'humilier ou lui faire le moindre mal... Toute forme de nomadisme politique est anti- Islam...
"Croire que cet attachemant au pouvoir est un élement constitutif de notre ADN". Est-on Sûr de cette sentence?Je pense qu´a voir de ce qui se passe chez nous actuellement et politiquement nous oblige de chercher une troisième voie, laquelle est pourtant pas nouvelle: c´a a été dit par platon: "La justice", on ne s´est pas trés bien ce que veut dire cette notion encore. Car penser avec des binaires ne mène qu´au même, Un proverbe conservatif,politique dit: "on change pour maintenir", c´est pourquoi on arrive chaque fois au même resultat. Le socialisme sans justice échoue, et le capitalisme sans justice échoue aussi.
N'y pensez plus, Monsieur, les choses ont changé, par "révolution", interposée, et pour peu que "les synonymes de révolution", pour peu que vous en fassiez les recherches, idoines, sont, entre autres, et selon "www.synonymo.fr › synonyme › révolution" = ébullition, agitation, émeute, évolution, bouleversement, cataclysme, cercle, chamboulement, changement, etc, etc.....Quant à la "liberté de parole", encore faut-il que ceux qui en useraient sachent...parler, d'une manière, pour le moins, civile ! La séparation des pouvoirs ? et pourquoi pas une sage complémentarité de ces "pouvoirs" ? Et, pour le "multipartisme", oserais-je espérer qu'on ne nous envie nos DEUX CENT VINGT "PARTIS", tbaaaaarkalla !!! J'ai, tout simplement, honte, d'appartenir à la "tunisie, d'aujourd'hui", que je pleure à n'en plus pouvoir, allant jusqu'à souhaiter le retour de ceux, qualifiés , par d'aucuns, de "dictateurs" (à ne pas confondre, SVP, avec "TYRAN")....Un autre rappel = les romains avaient élu Jules Cesar, "dictateur", lui confiant de manière temporaire ( légale, et renouvelée) les pleins pouvoirs en cas de troubles graves......Et que vivons-nous comme troubles (Dieu nous en préserve, dirait l'autre...). Et dire que le RCD ne comptait qu'un peu plus de DEUX MILLIONS D’ADHÉRENTS qui n'en avaient pas moins hurlé "bérrouh, béddém, néfdik, yé Bourguiba", le transformant, en moins de 24h, et pour 23 ans, en un "allahou ahad, allahou ahad, Ben Ali mé kifou had" ! C'EST BEAU, C'EST GRAND, C'EST TU-NI-SIEN !!!!!!! hamadi khammar