Mokhtar el khlifi: Le faux problème de la «ceinture politique»
Rechercher à tout prix à avoir l’aval des partis pour pouvoir gouverner est une démarche qui conduit au blocage politique parce que le chef du Gouvernement pressenti ne peut satisfaire tout le monde.
De surcroit la satisfaction partisane aboutit à une structure non homogène du Gouvernement portant les germes d’un futur éclatement à l’occasion du vote de tel ou tel projet de loi qui peut plaire à l’un et pas à l’autre des partis.
Voyez de près la liste présentée hier par M. Fakhfakh.
Le chef du Gouvernement pressenti se trouve entre le marteau et l’enclume et cherche donc à satisfaire la «ligne révolutionnaire» défendue par la Présidence et qui n’a de révolutionnaire que le nom, la ligne idéologique majoritaire au parlement et qui veut rafler la grosse part et les postes sensibles et le reste des partis qui lui sont proches.
Dans la situation que vit notre pays le «révolutionnaire» c’est celui qui a pour objectif immédiat de remettre le pays au travail, à la productivité, à la production des biens et services et à la croissance du PIB et ce n’est qu’à partir du moment où on aura produit et bien produit qu’on pensera à répartir la richesse mais pas avant.
Il aurait été plus judicieux et plus courageux, à mon humble avis, de n’accepter la mission de constituer le Gouvernement que sur la base d’un véritable programme à discuter avec les partis politiques et les organisations nationales avec la présence ou non du Président de la République.
Ne perdons pas de vue l’essentiel, à savoir que la situation du pays sur le plan économique appelle des mesures qui ne peuvent plus attendre.
Ni le peuple et ni les bailleurs de fonds ne peuvent attendre davantage.
Il ne s’agira pas donc d’un programme à la Carthage 1ou 2 mais d’une feuille de route précise, surtout sur les points sensibles, et non de lignes générales que tout le monde peut accepter mais dès que le Gouvernement passera à l’action, plus d’un parti se rebiffera.
Que fera le chef du Gouvernement pressenti dans le peu du temps qui lui reste?
Plier sous le poids de la pression du parti majoritaire aux élections? Rendre le tablier? ou adopter une attitude courageuse pour sauver l’intérêt du pays et sa crédibilité sans s’accrocher au Pouvoir et satisfaire des intérêts contradictoires ?
Je pense qu’il faudrait arrêter les tractations inutiles, les marchandages, les compromis et les calculs politiques et ne viser que l’intérêt du pays.
A mon avis, il faudrait qu’il présente au peuple et aux partis un état des lieux transparent, une feuille de route bien ficelée pour sortir le pays de la crise et qu’il ouvre la porte aux compétences dont le pays regorge et qui acceptent de réaliser le programme, chacune en ce qui la concerne, dans le cadre d’un Gouvernement restreint.
Il pourra le présenter au Président et puis à l’ARP et que chacun soit mis face à ses responsabilités.
Je ne pense pas que les députés oseront ne pas donner leur confiance à un Gouvernement qui présente une analyse exacte de la situation, un programme crédible et une équipe homogène et compétente pour le réaliser.
Eh bien, si cette ARP n’accordera pas sa confiance, les urnes trancheront et le peuple averti saura pour qui voter.
Mokhtar el khlifi
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