News - 03.01.2022

Tunisie: Que veut le peuple?

Tunisie: Que veut le  peuple?

Par Slaheddine Dchicha - Plus d’une décennie après «l’insurrection tunisienne», nombreux sont ceux qui gardent en mémoire  l’explication technologique qui en a été faite. Certains sont allés jusqu’à parler de «la première révolution numérique du XXIe siècle», d’autres, moins emphatiques mais peut-être plus ironiques, de «révolution  Facebook».

La boucle serait-elle en train de se boucler avec le lancement ce samedi 1er janvier de la «consultation populaire» par voie électronique. En effet, cette consultation qui, selon les vœux du  Président Kaïs Saïed se fera en ligne et durera jusqu’au 20  mars, consistera à recueillir les avis et les suggestions des Tunisiens autour de six thèmes: les affaires politiques et électorales, les  questions  économiques et financières, les affaires sociales, le développement durable, la santé et la qualité  de  vie, l'éducation et la culture.

Pour ce faire, Kaïs Saïed dit s’être inspiré des pays scandinaves. Sans  pour autant mettre en doute  sa  parole, on ne peut pas ne pas penser, toute proportion gardée, au « grand débat national» lancé  en  France de la mi-janvier à la mi-mars 2019 par Emmanuel Macron, suite au mouvement des  Gilets Jaunes.

Quoiqu’il en soit, il peut être opportun d’examiner les objectifs et les enjeux de cette opération.

La démarche  semble être en accord avec le fameux slogan «le peuple veut»  brandi et déclamé en  cadence lors de chaque manifestation par les  partisans de Kaïs Saïed et solennellement proféré par  lui-même lors de chacune de ses interventions. Le peuple est sollicité à dire ce qu’il veut, à formuler  ses  volontés. Au lieu de parler au nom du peuple, on l’invite à parler et on l’assure que sa parole  sera  prise  en  compte,  sera suivie d’action "Votre opinion,  notre  décision":  la parole  populaire  devient  performative : «dites,  nous  faisons».

Du  coup, une rupture  radicale  est  opérée avec le système élitiste où règnent les véritables décideurs, les experts et autres compétences. Et le système de  gouvernance de  basculer du côté  de  l’auto-gestion et de l’Intelligence  collective.

Une autre rupture mais moindre semble s’opérer dans le système démocratique. Sa représentativité  s’atténue quelque peu au profit de son aspect plus direct puisque le peuple décide de son propre  sort  au  lieu  de  le  faire  par  délégation, par ses  représentants.

Ainsi Kaïs Saïed fait d’une pierre deux coups. Il se pare de la légitimité populaire d’une part, et  d’autre part, il raille et ridiculise ses détracteurs qui l’accusent d’être un homme isolé qui n’écoute personne,  un dictateur qui gouverne et  décide seul de l’avenir du pays.

Tout en considérant les craintes de ceux qui se préoccupent de la transparence et de la confidentialité de la consultation et en tenant  compte de l’inégalité numérique puisque presqu’un  foyer  tunisien sur deux ne dispose pas d’internet, espérons que le peuple dise et haut et fort ce  qu’il  veut et que les résultats de cette consultation ne connaissent pas le même sort que ceux du «grand débat national» français. Les tiroirs de l’oubli !

Slaheddine Dchicha


 

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1 Commentaire
Les Commentaires
Touhami Bennour - 03-01-2022 23:43

Pour caracteriser la difference entre la France et le Danemark,( la Scandinavie) on peut dire ce que les francais disent sur le paysan, qu´un tel est "paysan" , avec un sens pejoratif, Impoli, grossier et credule, le danois est consideré comme "ouvrier" mais dans sens positif:le danois est un vrai professionnel, qui connait son metier et capable de le faire parfait.Il a aussile le sens de la cooperation avec les autres. Mais les tunisiens sont des heritiers de la culture de la France. Alors... et on a pas trop de respect pour le paysan.

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