ONU - Opérations de maintien de la paix des Nations unies: Comment renforcer la protection des civils

Alors que notre attention est légitimement attirée par le drame d’une extrême brutalité que subit le peuple palestinien, victime d’une spoliation illégitime de ses droits et de ses territoires, d’autres populations civiles, à travers plusieurs continents, endurent également de graves souffrances dans de nombreuses zones de conflit. Violences, attaques, pillages, abus sexuels, criminalité organisée et terrorisme s’ajoutent à la famine, aux urgences climatiques provoquant des déplacements, et aux pandémies, comme celle du Covid-19. Comment protéger efficacement les civils face à ces multiples menaces ?
Actuellement, des Casques bleus de l’ONU sont déployés dans 11 zones de conflit, dont quatre avec la participation de contingents militaires tunisiens, à savoir la République centrafricaine, le Sud-Soudan, la RD Congo et la Force intérimaire de sécurité des Nations unies pour Abyei. Reconnue pour son engagement fidèle depuis 65 ans dans les missions de l’ONU, la Tunisie participe activement aux débats sur l’évolution du rôle des Casques bleus, dont le mandat a été élargi en 1999 par le Conseil de sécurité à la protection des civils.C’est dans ce cadre qu’elle a organisé, en partenariat avec les Nations unies, une conférence internationale les 10 et 11 juillet 2025, centrée sur le rôle des forces armées dans la protection des civils. La conférence a réuni des personnalités étrangères de haut niveau, dont le secrétaire général adjoint de l’ONU aux opérations de paix, Jean-Pierre Lacroix, le sous-secrétaire général pour le Moyen-Orient, l’Asie et le Pacifique, Khaled Khiari, le ministre sénégalais des Forces armées, le général Biram Diop, ainsi que le vice-ministre ghanéen de la Défense, Ernest Byonga Genfi. De nombreux militaires et civils, hauts fonctionnaires onusiens, représentants d’organisations régionales et internationales y ont également participé. Le ministre de la Défense nationale, Khaled Sehili, a salué la qualité des participants et mis en lumière l’importance des enjeux abordés. De son côté, le ministre des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens à l’étranger, Mohamed Ali Nafti, a souligné que la protection des civils doit s’inscrire dans une action de long terme, soutenue par un mandat clair et complet du Conseil de sécurité.
Ces deux journées d’échanges ont été enrichies par des retours d’expérience et le partage de bonnes pratiques. Parmi les priorités soulignées : comprendre le contexte local, dialoguer avec les populations pour gagner leur confiance, interagir avec les différents acteurs, renforcer la coordination régionale et sous-régionale. Autres points essentiels : exploiter les nouvelles technologies pour collecter et actualiser des données fiables, dans le respect de l’éthique et des règles légales, faire face à la désinformation et aux discours de haine, et définir les modalités d’engagement des forces, tant en capacités qu’en état d’esprit.
Une priorité absolue
La conférence de Tunis a placé la protection des civils au cœur même des opérations de maintien de la paix. Hommes, femmes, jeunes et enfants — vulnérables, souvent ciblés — doivent en être les premiers bénéficiaires. Cette mission, à l’intersection de l’humanitaire, du politique, du sécuritaire, du social et du sanitaire, appelle à la conception et à la mise en œuvre d’outils et de programmes adaptés.
La déclaration finale adoptée à l’issue des travaux a été saluée comme un document de référence internationale, définissant les principes et normes applicables à la protection des civils dans les zones de conflit. Elle marque une avancée significative sur cette voie. Elle annonce notamment la création:
• d’une plateforme numérique internationale intégrée, destinée à faciliter l’échange d’informations et d’expertises entre les pays et les organisations internationales;
• d’un manuel opérationnel unifié, visant à harmoniser les procédures et normes des forces armées impliquées dans la protection des civils;
• d’une initiative régionale de formation, sous forme d’un programme intégré de renforcement des capacités.
Des millions de vies à sauver
Le ministère de la Défense nationale, en coordination avec le Département des opérations de paix de l’ONU, a su assurer une excellente organisation, réunissant des participants de haut niveau, venus à la fois des sites de déploiement, du siège des Nations unies, de différentes organisations et de treize pays. Au cœur des débats : l’optimisation des moyens, l’amélioration de la formation et de l’entraînement, l’apprentissage des langues et des cultures locales, l’appropriation des technologies et des systèmes d’alerte précoce, et la mobilisation des soutiens politiques, logistiques et financiers indispensables. Les discussions ont été franches, riches et constructives. L’échec n’est pas une option. Réussir est une nécessité.
La Tunisie a été unanimement félicitée pour cette initiative et pour avoir contribué à faire émerger des recommandations concrètes et opérationnelles. « Voilà un exemple à suivre », a déclaré un haut responsable onusien. Le plus urgent désormais est de mobiliser l’engagement des États concernés et les financements nécessaires. Il y va de la vie de plusieurs millions de personnes aujourd’hui livrées à elles-mêmes.
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