Un message d'espoir
J'avais envie de partager avec vous un message d'espoir :
Depuis 3 ans nous pataugeons, nous doutons, nous nous faisons peur, mais nous avançons et nous tenons debout malgré tout.
Je suis, tu es, il est, nous sommes tous normaux, et dans un environnement incertain et changeant, il est plus facile et il est naturel de prendre peur. Il est plus simple de savoir ce qu'on ne veut pas que de savoir ce qu'on veut réellement. C'est parfaitement humain. Dans un changement qui nous dépasse, chacun sait surtout ce qu'il risque et ne veut pas perdre individuellement, mais n'arrive pas à voir ce qu'on pourrait gagner collectivement ...
Cette situation est le symptôme de l'absence ou de la défaillance de leadership, car seul un leadership véritable est à même de créer un climat de confiance collective pour nous projeter dans une vision d'avenir ambitieuse, positive et stimulante pour tous et pour chacun. C'est là paradoxalement toute la force et la singularité de notre révolution, mais c'est là aussi tout le mal dans lequel nous pataugeons depuis 3 ans: l’absence de leadership. Notre révolution est aujourd'hui gouvernée par ceux qui étaient les plus à même de prendre le pouvoir laissé vacant mais sans leadership capable de porter une vision qui puisse rassembler la nation et mobiliser nos énergies et nos forces vers l'avenir et le succès collectif.
Mais malgré ça, il faut reconnaître qu’à partir du moment où l’on parvient à éviter les dérives qui divisent et qui attisent la haine, le meilleur reste encore possible et il ne tient qu'à nous, à chacun de nous de le désirer et de contribuer à sa concrétisation.
Le chemin sera long et ardu ? Il y aura des souffrances et des larmes? Eh oui !
Nous ne la savions pas le 14 janvier 2011, nous pensions que tout allait se passer comme par magie, à l’image de cette révolution inespérée et imméritée, venue dans un pays fracturé, miné par l'indifférence, l'individualisme, l'opportunisme et la médiocrité. Nous ne le savions pas et nous ne nous en rendons même pas compte, car depuis plus de 3 ans maintenant, nous vivons l'instant présent et peinons à voir plus loin que le bout de notre nez. Sachez que tel est le propre des instants historiques des nations : ils se vivent intensément au présent et il n'y a jamais de l'espace pour souffler, ni pour lever la tête et regarder le chemin loin devant nous, ni même derrière nous.
La révolution a éveillé quelque chose en chaque tunisien, une fierté collective, un sens du collectif qui lui était totalement étranger, et c'est une force formidable qui nous a fait entrevoir un avenir meilleur pour tous l'espace d'un instant de grâce. Mais sitôt passée l'euphorie des premiers jours et chaque jour qui passe, nous nous rendons compte que notre projet collectif ne s'enfantera pas sans douleurs et que nos vices, nos peurs et nos faiblesses, sont toujours là, puissants, à nous guetter au moindre tournant...
La révolution, nous a fait croire un instant que nous étions meilleurs que ce que nous sommes réellement, mais la réalité nous a rapidement rattrapé, et c’est notre propre réalité qui nous fait peur. Mais la réalité, ce n'est pas que nous sommes mauvais. La réalité, c'est que nous avons du chemin, beaucoup de chemin à faire individuellement et collectivement pour devenir meilleurs.
Nous sommes toujours là, avec toute la vie devant nous à conquérir et à construire pour nous et pour les générations futures. Résistons aux idées noires et aux doutes qui pourraient nous tétaniser et nous transformer en spectateurs de notre propre destruction. Résistons aux tentations puissantes qui nous poussent à nous replier derrière les murailles de nos certitudes, de notre supériorité et de nos peurs des autres.
L'erreur serait de s'enfermer dans une croyance faussement rassurante où chacun se voit, individuellement ou dans le petit groupe de sa tribu, meilleur que le tout collectif ou meilleur que tous les autres.
La vérité, et c'est celle du 14 janvier 2011, c'est que nous valons tous collectivement mieux que ce que nous sommes collectivement aujourd'hui et que ce "nous" meilleur rendra inévitablement chacun de nous meilleur que ce qu'il est.
Ne baissons jamais la garde, ne perdons jamais la foi en nous-mêmes et en ce "nous" collectif, cet autre "nous-mêmes". Retroussons nos manches, soyons des guerriers de l'avenir et préparons nous à la grande bataille, la mère de toutes les batailles, le plus grand Jihad : celui du développement et de l'épanouissement de chacun et pour tous.
Telle est la vision dans laquelle j'espère que nous nous engagerons avec ambition et acharnement une fois les spasmes révolutionnaires et constitutionnels passés.
Amine Aloulou
- Ecrire un commentaire
- Commenter
Je partage réellement les voeux d´ espoir pour l´année en cours, mais j´ai cherché en vain le mot "démocratie "dans votre article. Ce mot a en réalité beaucoup manqué l´année 2013 mais j´espère qu´il ne sera pas oublié cette année, si nous voulons reussir vraiment la "Revolution".
Bravo, c'est celà qu'il faudra faire dans l'avenir, parce que le mal est fait et nous ne pouvons plus revenir en arrière, il faut plutot avancer avec des pas surs et sans fautes, tout le monde devra avoir le meme esprit (la main dans la main), c'est la confiance qui devra réignée.