Les accidents de la route, l'autre guerre qui tue
Lorsqu’un acte terroriste survient faisant des morts, le pays tout entier du Nord au Sud ressent une légitime douleur et marque une grande émotion. Pourtant il y a une guerre qui tue tout autant sinon plus sans que cela n’émeuve grand monde à part les familles éplorées et parfois les spectateurs bien malgré eux de ce carnage quasi-quotidien. Il s’agit des accidents de la route qui tuent chaque jour et laissent des jeunes gens estropiés à vie.
Lundi 8 septembre au matin, 5 personnes sont mortes dans cette guerre des routes sur le tronçon reliant Kairouan à Ouled Chamekh alors que 19 autres ont été blessées dont deux grièvement. Dans les semaines précédentes des accidents aussi meurtriers ont endeuillé des familles à Tozeur, à Ben Guerdane, à Sbeitla et dans plusieurs autres endroits du pays.
Selon les statistiques l’Observatoire national de la sécurité routière, le mois d’août de cette année a été particulièrement meurtrier. On y a dénombré, en effet quelques 170 morts soit une moyenne de presque 6 morts par jour contre 151 en 2013. Bien que le nombre d’accidents a diminué, le bilan des morts s’est aggravé.
Cette hécatombe est due tantôt à l’excès de vitesse, tantôt à l’état des routes, à la conduite en état d’ébriété ou au vieillissement du parc automobile. Mais elle est due surtout au non respect du code de la route. Comme pour le reste, le Tunisien ne change pas ses attitudes en prenant le volant. Il met sa vie et celle des autres en danger, en faisant fi des règles les plus élémentaires de sécurité, la sienne, mais aussi celle de ses passagers et de tous les usagers de la route. Il faut aussi pointer du doigt le laxisme des autorités devant les libertés prises concernant les règles du code de la route. Le gendarme ne fait plus peur du fait d’un laisser-aller coupable de certains agents de sécurité qui ne font pas preuve ds suffisamment de poigne pour mettre hors d’état de nuire de véritables tueurs sur les routes.
Tuer sur les routes n’est pas moins criminel que tuer dans des actes terroristes. La guerre des routes est beaucoup plus meurtrière que la guerre antiterroriste bien qu’elle ne soit pas aussi spectaculaire. La prévention routière est certes nécessaire mais elle n’est pas suffisante. Il est temps de sévir car les drames de la route, ce ne sont pas seulement des familles qui sont marquées dans leur chair, parfois décimées, c’est le pays aussi qui perd des hommes et des femmes comptant parmi ses forces vives.
Garantir la sécurité pleine et entière des citoyens et restaurer l’autorité de l’Etat ne peuvent devenir réalité que si on met fin à la saignée que constituent les accidents de la route. L’Etat dépositaire de l’autorité publique a l’obligation de sauvegarder la vie de ses citoyens y compris contre le laisser-aller, laisser-faire de certains d’entre eux.
R.B.R.
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