Monia Mouakhar Kallel: Celui qui ne connaît pas l'Histoire est condamné à la revivre (K. Marx)
En France, moins de trois mois après la révolution de février 1848 et l'instauration de la 2eme République, une foule, excitée, excédée et affamée, envahit le Palais-Borbon où siège l'Assemblée nationale et proclame sa dissolution.
G. Sand, l'un des acteurs-défenseurs acharnés de cette seconde République, se retire de la scène politique; elle "revient à ses moutons", (comme elle dit), se consacre à l'écriture-lecture, et tente de comprendre les raisons de cet échec qu'elle n'avait pas vu venir. Dans une lettre à un ami républicain, un ex-compagnon de route, elle note qu'elle n'avait pas "réalisé la faiblesse des assises populaires d'une telle République" puis formule l'(auto) critique suivante: " nous qui avons tout recouvré en février, et qui avons laissé tout perdre, nous qui nous égorgeons les uns les autres sans aller au secours de personne, nous présentons au monde un spectacle exécrable".
Autre temps, autre mœurs. N'empêche qu'au lendemain des élections de 2019 et de l'échec cuisant des progressistes-modernistes-syndicalistes, l'épisode est éclairant et la réflexion de la romancière prend tout son sens.
Nous ne pourrons pas entrer dans la modernité ni prétendre à la démocratie si nous, citoyens privilégiés, nous n'apprenons pas à regarder notre réalité en face, à connaitre la nouvelle configuration sociale, si nos politiques et nos médias ne commencent pas à s'auto évaluer sérieusement, au lieu de continuer à se jeter des pierres qui les écrasent et nous écraseront.
Car le peuple ne les attendra pas très longtemps... Il n'a plus la patience de les voir tricoter et détricoter à l'infini leurs scenarii, calculs, coalitions, jeux et enjeux de positionnement, "spectacle exécrable" qui encombre déjà nos journaux, plateaux de tv, réseaux sociaux...
Monia Mouakhar Kallel
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