News - 13.05.2012
Décès de Hassine Triki (97 ans), l'exilé du Néo-Destour en Argentine
Hassine Triki, compagnon de la première heure de Bourguiba avant de s’opposer à lui, et deux fois condamné à mort, s’est éteint samedi soir à Buenos Aires en Argentine à l’âge de 97 ans, où il s'était établi de longue date. Il avait été victime vendredi d'un accident de la circulation à sa sortie de la mosquée. Sa dépouille sera ramenée en Tunisie au cours de la semaine pour être ensevelie dans le cimetière de ses ancêtres à Monastir, indique à Leaders, son fils unique Omar.
Il était il y a deux mois à Tunis pour superviser la réédition de son livre sur la Palestine et veiller avec son éditeur, Mohamed Bergaoui, à tous les détails, promettant avant de partir de revenir rapidement d’Argentine, avec de nouveaux documents inédits retraçant son combat.
Très jeune, Hassine Triki s’était engagé dans le mouvement national occupant des positions avancées dans la direction du Néo-Destour, après l’arrestation de Bourguiba en 1938, aux côtés de Rachid Driss, Taieb Slim et autres Habib Thameur. Condamné à mort par la France, il s’exilera en Espagne lors de l’entrée en Tunisie, en 1943, des troupes alliées. Puis, il ira se réfugier en Egypte où il se joindra à l’équipe fondatrice du Bureau du Maghreb Arabe. Triki épousera alors, en plus de celle de sa patrie, la cause des pays d’Afrique du Nord et surtout de la Palestine, nouant une étroite amitié avec le leader palestinien Mohamed Ali Taher.
Rejoignant la Ligue des Etats Arabes alors naissante, il ira ouvrir son premier bureau en Amérique Latine, promouvoir la lutte des pays arabes contre le colonialisme. A l’indépendance de la Tunisie, il sera poursuivi lors de la chasse engagée contre les Youssefistes et condamné, encore une fois, à la peine capitale. Longtemps contraint à l’exil, il fera l’objet de tentatives d’assassinat par le Mossad israélien en raison de son activisme en faveur de la cause palestinienne.
Hassine Triki rentrera au début des années 90 à Tunis, mais n’y restera pas longtemps, préférant garder ses quartiers en Argentine et se contenant de visites épisodiques à son pays natal, juste pour voir la famille et participer à des séminaires sur l’histoire du mouvement national. D’ailleurs le témoignage qu’il déposera à la Fondation Temimi a permis de lever un coin de voile sur des épisodes peu connus, notamment le début de la deuxième guerre mondiale, la constitution du Bureau du Maghreb au Caire et l’action arabe en Amérique latine.
Photos: Berg Editions
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